Communication & Médias: Un appel à la responsabilité dans la communication

Une loi portant sur la liberté de la communication a été adoptée par le Parlement centrafricain le 30 novembre dernier. Son auteur, Ange Maxime Kazagui, ministre de la Communication et des Médias, estime que ce texte offre plus de liberté aux journalistes.

S’il y a bien une loi qui marquera le passage d’Ange Maxime Kazagui au ministère de la Communication et des Médias, c’est celle portant sur la liberté de la communication en Centrafrique. Adopté au Parlement par les députés le 30 novembre dernier, ce texte, qui garantit la liberté d’expression pour les journalistes, l’encadre aussi. La loi donne ainsi le pouvoir de censure au Haut conseil de la communication (HCC). « Le HCC pourra suspendre la parution d’un organe de presse, décider de la mise à pied d’un journaliste, ou autoriser la cessation d’une émission radiophonique », apprend-on  sur le site Internet de cet organisme. Ange Maxime Kazagui est plus qu’un ministre de la Communication et des Médias, il est aussi le porte-parole du gouvernement. Et c’est à ce titre qu’il a expliqué en quoi cette loi offrait plus de liberté aux journalistes pour exercer leur métier. « Toutefois, le professionnel qui contreviendrait aux règles subirait une sanction administrative », a-t-il aussi prévenu. Le ministre de la Communication a en outre invité les sociétés de presse privées et publiques à plus de responsabilité dans le traitement de l’information, les engageant à ne pas diffuser d’éléments non vérifiés ou relayer des « fake news » qui pourraient nuire à autrui. Pour leur part, les médias centrafricains n’ont pas manqué de relever que l’adoption de cette loi était intervenue à quelques jours du lancement officiel de la campagne électorale en vue des élections présidentielle et législatives. Au regard des enjeux, la loi viserait à éviter la diffusion d’informations pouvant nuire aux candidats et poserait des règles pour la couverture médiatique de cette élection couplée. « Éviter les discours de haine » Le 3 décembre 2020 à Bangui, la même démarche a été effectuée quand le porte-parole du gouvernement centrafricain et son homologue Vladimir Monteiro, de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA), ont appelé au cours d’une conférence de presse conjointe à « la responsabilité de tous les acteurs pour des élections apaisées dans le pays », demandant également aux Centrafricains de soutenir le processus électoral. Le gouvernement et la MINUSCA ont par ailleurs noté des avancées significatives dans les préparatifs des scrutins du 27 décembre prochain. « Je réitère l’appel du chef de l’État à l’apaisement en direction de tous les acteurs politiques, de la société civile et des médias, afin qu’ils évitent les discours de haine », a précisé le ministre de la Communication Ange Maxime Kazagui. D’après lui, « depuis le mardi 1er décembre, des cartes d’électeurs ont commencé à arriver et vont être acheminées dans les centres les plus éloignés et, au fur et à mesure, dans les centres les plus proches de Bangui, puis à Bangui même. Les urnes, isoloirs, ainsi que d’autres matériels électoraux mis à disposition par l’Afrique du Sud avec l’assistance logistique des Nations unies et d’autres partenaires sont sur le point d’arriver à Bangui. » Ériger une industrie des médias Quelle est la vision économique de M. Kazagui, en tant que ministre de la Communication et des Médias, sur l’industrie des médias dans son pays ? « Mon rôle et ma mission sont de permettre l’essor de la communication en général, et notamment privée, dans mon pays. Cela veut dire qu’à la fin de mes fonctions, il faudra que nous ayons plusieurs télévisions et radios privées qui se soient implantées dans notre pays. Et que, dans les modèles économiques qui sont les leurs, ces médias puissent s’épanouir. Mais il faudra aussi que la télévision publique s’épanouisse. De quelle manière ? Nous avons l’ambition de lancer, en ce qui concerne la télévision et la radio publiques, des chaînes thématiques qui nous permettraient de diversifier l’offre, d’améliorer les contenus et de susciter une saine concurrence. Enrichir l’horizon thématique, notamment avec des médias audiovisuels, est aussi un moyen d’éduquer  nos enfants avec des émissions culturellement riches. » Mais quel modèle économique peut-on offrir à des médias privés dans un pays en reconstruction dépourvu de tout tissu médiatique diversifié ? Le ministre indique qu’il faut de toute façon que se crée un marché avec des annonceurs et différentes formes de partenariats pour rendre viable ce nouvel écosystème qu’il appelle de ses voeux. « C’est une question d’investisseurs à convaincre pour qu’ils soient séduits par notre projet. J’espère que nous allons arriver à le mettre sur pied », a-t-il souhaité.

Paul de Manfred

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