Du 6 au 18 novembre dernier, une importante délégation camerounaise composée de représentants
de plusieurs ministères a pris part à la 27e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 27) en Égypte. Seule avancée obtenue, la création d’un fonds pour les pertes et dommages.
Á l’issue de la COP 27 qui s’est déroulée du 6 au 18 novembre 2022 en Égypte, sur l’île balnéaire de Charm el-Cheikh, un communiqué final qualifié par tous les participants de « minimaliste » a été délivré. En effet, malgré une percée historique dans des négociations jusque-là bloquées, seule a pu être actée la création d’un fonds de compensation des pertes et dommages destiné à indemniser notamment les pays africains pour les impacts irréversibles créés par les changements climatiques. Un accord qui semblait inaccessible jusqu’au dernier jour de la COP 27 au vu de l’énergie déployée pour le faire échouer par les États-Unis et d’autres pays tels que ceux de l’Union européenne. Le plaidoyer de la délégation camerounaise. Une fois n’est pas coutume, une forte délégation officielle représentait le Cameroun à la COP 27. Elle était composée de représentants de plusieurs ministères sectoriels ainsi que d’organisations de la société civile, et supervisée par Timothée Kagonbe, porte-parole de cette délégation et par ailleurs responsable au ministère de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable.
Avant de se retrouver à la conférence en Égypte, M. Kagonbe indiquait que le but visé par sa délégation était de défendre les intérêts du Cameroun. « Nous allons à cette COP 27 avec un objectif principal, commencer à préparer la mise en oeuvre de l’accord de Paris en trouvant les moyens financiers et en élaborant des stratégies pour concrétiser ce que le Cameroun a pris comme engagement par le biais de sa contribution déterminée au niveau national (CDN) ». Selon Timothée Kagonbe, les attentes du Cameroun à la COP 27 se déclinaient en dix points majeurs qui ont été défendus dans le cadre des discussions avec les partenaires financiers et les différents guichets dédiés à l’accompagnement financier des pays. La décision de créer un fonds de compensation des pertes et dommages prise par les délégués de la COP 27 a été unanimement saluée par la délégation camerounaise. Afin de mieux illustrer la portée de cette victoire historique pour les pays en voie de développement, Sara Sow, coordinatrice de l’ONG Justice climatique et énergie, a expliqué : « C’est un soulagement que le fonds pour les pertes et dommages ait enfin été créé après des décennies de lutte. Mais pour l’instant, c’est un fonds aux caisses vides et nous avons un énorme défi à relever pour faire en sorte que les pays développés y contribuent dans le respect de la justice et de l’équité. Il sera important de veiller à ce que ce ne soit pas une répétition de la performance des pays riches il y a plus de dix ans : ils avaient promis de fournir 100 milliards de dollars par an, une somme déjà insuffisante et qui n’a jamais été versée. » Un point de vue partagé par la délégation camerounaise, qui compte poursuivre le chantier de ses engagements climatiques, et particulièrement sa CDN, dont le coût global de mise en oeuvre est de 28 000 milliards de FCFA sur une période de 10 ans. En revanche, à l’instar des autres pays africains, la délégation camerounaise a regretté qu’aucune mesure n’ait été prise pour accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre et la sortie des énergies fossiles, principalement issues du charbon, du pétrole et du gaz naturel. Mais cela ne va pas empêcher le Cameroun de maintenir son plaidoyer à l’endroit des pays développés, à qui le pays de Paul Biya demande de revoir leurs cibles quant au financement de la lutte contre les changements climatiques. « Ils prennent des engagements assez minimalistes dans le sens de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Mais il va falloir négocier et les contraindre à revoir leurs ambitions à la hausse », a affirmé Timothée Kagonbe. Cela étant posé, les opportunités de développement du Cameroun pourraient favoriser une meilleure adaptation aux changements climatiques. « L’adaptation est une question importante pour le Cameroun, surtout quand nous prenons le cas de l’agriculture, qui entre dans ce domaine. Notre vision, c’est de transformer le handicap que constituent les changements climatiques en opportunité de développement », a fait savoir le porte-parole de la délégation camerounaise.
Louise Bibalou-Durand