Quand la démocratie porte ses meilleurs fruits

La Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30) représente un chemin balisé pour le gouvernement qui prévoit justement le bitumage d’au moins 6000 km de routes, la construction de1500 km de linéaire ferré ainsi que la fourniture de l’énergie électrique indispensable à l’industrialisation du pays, condition de son émergence. Cinq ans après la mise en service du barrage de Lom Pangar, le Cameroun connaît une densification du réseau et des gains de productivité hydroélectrique liés à la valorisation du bassin versant de la Sanaga et, bientôt, au barrage de Memve’ele. Selon le président Paul Biya, «la SND30 tire les leçons des expériences passées et fixe de nouveaux objectifs pour la décennie à venir, notamment une transformation structurelle de notre économie et un développement inclusif. Il conviendra donc de passer à la vitesse supérieure pour lutter contre la pauvreté, le chômage et la persistance du secteur informel. Il faudra aussi s’efforcer d’atteindre un taux de croissance de 8% en améliorant l’efficacité de la dépense publique.» Telles sont donc les conditions de réalisation de cette vision, car mener à bien cette politique dont le coût est estimé à 37500 milliards de FCFA suppose de mobiliser les financements nécessaires. Par quel moyen? Selon le ministre de l’Économie Alamine Ousmane Mey, le gouvernement devra, s’il ne veut pas générer un surendettement à moyen ou long terme, recourir à différents leviers, notamment les ressources budgétaires propres, celles du marché financier, celles de la Coopération bilatérale et multilatérale, celles du secteur privé avec, notamment, les partenariats public-privé, et enfin celles issues de la mobilisation de l’épargne nationale et des transferts de fonds de la diaspora. Concernant précisément la dette publique du Cameroun, qui s’élevait fin juin 2022 à 11933 milliards de FCFA, soit 18,52 milliards de dollars, elle constitue une préoccupation pour le gouvernement de Joseph Dion Ngute. Cependant, comme le souligne le grand argentier Louis-Paul Motaze, l’analyse de viabilité de la dette (AVD) réalisée à séquence semestrielle confirme sa viabilité, même si le risque de surendettement est élevé. Déterminé à ramener ce risque à un niveau modéré voire faible, le ministre des Finances compte sur plusieurs outils comme l’élargissement progressif de l’assiette fiscale, l’accroissement de la capacité de mobilisation des recettes d’exportation, ou encore la poursuite d’une politique budgétaire prudente. Il ajoute que son pays pratique «une gestion proactive de la dette» consistant à la rembourser avant sa date d’échéance. Ainsi, son département étudie le marché pour explorer les pistes d’un rachat de la dette afin de la rendre moins coûteuse, comme ce fut le cas avec le rachat de l’eurobond de 2015, qui a permis au Cameroun de limiter les risques de refinancement, d’étendre la maturité de la dette et de réduire son coût moyen. Par ailleurs, la relance de l’économie figure au rang des grandes priorités du Premier ministre. Afin de dynamiser une économie entrée en récession en 2020 avec un recul du taux de croissance de 2,6% du fait de la pandémie de Covid-19, Joseph Dion Ngute a initié un plan de relance courant jusqu’à 2023 et d’un montant de 871,8 milliards de FCFA, soit 1,3 milliard d’euros. Un plan comportant plus de 80 actions regroupées en quatre axes: soutenir le financement des entreprises, accroître la production et la transformation des produits de grande consommation, appuyer les branches et filières de croissance, et enfin améliorer la compétitivité des entreprises. Enfin, pour assurer la pleine réussite de ce plan de relance, le Premier ministre s’investit dans la recherche active de solutions pérennes aux tensions qui sévissent dans les régions anglophones, notamment avec des attaques du groupe terroriste Boko Haram et des velléités sécessionnistes exprimées par les mouvements indépendantistes. Un climat qui menace la stabilité du pays et qui a conduit Joseph Dion Ngute à organiser un grand dialogue national appuyé par une série de lois adoptées au Parlement: celle relative à la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme, ou encore celles liées au statut des élus locaux, au fonctionnement des assemblées locales et à l’attribution de ressources financières aux régions anglophones.

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