Après la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU en 2020-2021, le Niger hérite en 2022 de celle de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA). Comme le revendique son chef de la diplomatie Hassoumi Massaoudou, ce pays veut désormais être « au coeur de l’action diplomatique au niveau régional et international ».
En 2022, en plus des visites de travail ou d’amitié effectuées par le chef de l’État dans plusieurs pays amis, le Niger a activement participé à 62 rencontres régionales, continentales et internationales, et pas pour y faire de la figuration. À tous les sommets, conférences, forums et autres colloques, le Niger se prononce sans ambages, revendique, réaffirme ses convictions ou dénonce, quand cela s’impose, avec toute la liberté de ton que requièrent certaines situations. La volonté d’affirmer la puissance diplomatique du Niger dans l’arène internationale est si forte chez le président Mohamed Bazoum et son ministre d’État Hassoumi Massaoudou que, sur certains sujets, les
deux personnalités ne s’encombrent pas d’euphémismes
diplomatiques pour dire les choses, en particulier sur les
questions relatives à la situation sécuritaire au Sahel.
Une diplomatie de la fermeté et du franc-parler
Par exemple, dans le débat en cours sur la présence
de la force Barkhane, la position du Niger, réaliste
et pragmatique au regard des énormes défis sécuritaires
du moment et qui semble s’inscrire dans le sens
de la consolidation des relations stratégiques avec la
France, soulève une certaine controverse, surtout sur
les réseaux sociaux. La liberté de ton qui caractérise la
diplomatie nigérienne et s’exprime par un style franc,
direct et dénué de langue de bois est aussi diversement
appréciée par certains observateurs craignant qu’elle
n’érode les relations entre le Niger et des pays amis ou
voisins comme le Mali, le Burkina Faso et la Guinée.
Il est vrai que le problème sécuritaire a encombré
l’agenda diplomatique avec la résurgence des coups
d’État militaires en Afrique de l’Ouest. Mali, Guinée
Conakry, Burkina Faso, cette série de ruptures de
régimes démocratiques a naturellement provoqué la
désapprobation de la CEDEAO, garante de l’ordre
communautaire basé sur la démocratie, la bonne gouvernance,
la paix et le développement. Par rapport à
ces sujets et dans la ligne des décisions prises par la
CEDEAO, le Niger a adopté une diplomatie sécuritaire
retentissante exprimant de vive voix, avec constance,
la nécessité d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel
normal dans ces pays.
De même, après le retrait du Mali d’un G5-Sahel qui
constitue pour les États engagés un cadre approprié et
efficace de mutualisation de leurs moyens et de mise
en synergie leurs efforts afin de relever les défis sécuritaires
et de développement, le Niger n’est resté ni
silencieux ni inactif. En plus des déclarations appelant le
Mali à reconsidérer sa position, le président Mohamed
Bazoum recevait en octobre 2022 le secrétaire exécutif
du G5-Sahel Yemdaogo Eric Tiaré, émettant des pistes
de redynamisation de l’organisation et assurant que
les chefs d’État concernés prendraient les dispositions
nécessaires.
Un leadership international avéré
Un langage de fermeté à l’égard des régimes putschistes
qui passe bien auprès des instances internationales résolues
à sauvegarder les valeurs démocratiques prônées
par les porte-voix de la diplomatie nigérienne et qui
font du Niger un partenaire fiable. Ainsi, lors d’une
visite de travail à Niamey en octobre 2021, la délégation
du Conseil de sécurité de l’ONU conduite par
son président en exercice Martin Kimani a magnifié
l’exemplarité de la démocratie au Niger. « Le Niger
est un exemple de démocratie et de résilience », a-t-il
affirmé en espérant que son « modèle » puisse prospérer
en Afrique. Rappelons que durant sa présidence du
Conseil de sécurité de l’ONU en 2020-2021, le Niger
a porté plusieurs résolutions dont celle concernant la
circulation des armes légères et de petit calibre dans
les situations de conflit.
À sa constance, l’action diplomatique nigérienne ajoute
l’intensité et la résonnance. « Le Niger est désormais
au coeur de l’action diplomatique au niveau régional
et international », faisait remarquer le chef de la diplomatie
Hassoumi Massaoudou lors de la cérémonie de
présentation des voeux du nouvel an 2023 dans les
jardins du ministère des Affaires étrangères. Une situation qu’il expliquait par « le choix
politique du Niger de défendre les
valeurs démocratiques et le respect
des principes qui régissent la vie
internationale », indiquant qu’en
dépit du contexte peu favorable,
le Niger gagnait en crédibilité et
bénéficiait de la confiance de nombreux
partenaires : « En effet, sous
le leadership de S.E.M. Mohamed
Bazoum, président de la République,
le Niger a su jouer pleinement son
rôle dans le renforcement de la coopération
et de la solidarité entre les
peuples ainsi que dans la préservation
et la consolidation de la paix
et de la sécurité dans un monde en
proie à des défis multiples, parmi
lesquels le terrorisme international,
les questions d’environnement et de
changement climatique, les inégalités
et l’injustice inhérente à la gouvernance
mondiale et, depuis quelque
temps, l’instabilité et les risques de
conflits majeurs, notamment en
Ukraine, avec ses conséquences déjà
ressenties sur l’évolution des prix qui
affecte le bien-être des populations,
en particulier les plus vulnérables. »
Précisons qu’au leadership personnel
du chef de l’État s’ajoute l’engagement
sans faille de son ministre
d’État Hassoumi Massaoudou, qui a
su conduire la diplomatie nigérienne
avec tact et abnégation. Ainsi, sur le
plan de la coopération multilatérale,
le Niger a consolidé sa participation
à la vie de la communauté internationale
en prenant part aux grandes
rencontres ainsi qu’aux activités des organisations internationales,
régionales et sous-régionales.
Une offensive diplomatique fructueuse
Et cette ébauche d’offensive diplomatique est bien
récompensée car elle se traduit par une participation
croissante des partenaires au financement des différents
projets de développement du Niger. En atteste la forte
mobilisation des partenaires techniques et financiers
enregistrée en faveur du financement du PDES 2022-
2026 lors de la Table ronde de Paris en décembre
2022. Idem sur le plan de la coopération régionale et
sous-régionale, où le Niger est devenu une destination
de choix pour les grandes instances du domaine de
l’intégration politique et économique africaine, avec
notamment la tenue à Niamey, en novembre 2022,
du Sommet de l’Union africaine sur l’industrialisation
et la diversification économique couplé au Sommet
extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la
Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF)
qui fait suite au Sommet UA-2019, toujours à Niamey.
S’y adjoignent d’innombrables autres rencontres de
portée internationale, régionale et sous-régionale qui se
succèdent à Niamey. Et avec toutes ces manifestations
officielles, un afflux d’investisseurs et la signature
de multiples conventions et accords de coopération
dans le domaine de l’économie, de l’agriculture, de
l’environnement ou encore de la lutte contre les effets
du changement climatique.
Assane Soumana