Le 2 avril 2021, au Centre international de conférences Mahatma Gandhi à Niamey, les Nigériens ont pu assister à la cérémonie d’investiture du nouveau président de la République, Mohamed Bazoum, en présence du président sortant Mahamadou Issoufou. Un événement assez rare en Afrique, et en tout cas une première au Niger en plus de soixante ans d’indépendance, que cette passation de pouvoir pacifique entre deux présidents démocratiquement élus dans un pays à l’histoire marquée par une série de coups d’État. Dès sa prise de fonctions, le nouveau chef de l’État devait urgemment trouver les budgets de financement nécessaires pour concrétiser son projet de société, le programme de Renaissance acte III, décliné dans son Plan de développement économique et social (PDES) 2022-2026. C’est donc accompagné d’une forte délégation de ministres, hommes d’affaires et hauts fonctionnaires que les 5 et 6 décembre 2022, le président Mohamed Bazoum est allé défendre lui-même à Paris son programme quinquennal, lors d’une Table ronde organisée en partenariat avec la Banque mondiale. La bonne surprise est que son plaidoyer auprès des bailleurs de fonds et d’investisseurs potentiels s’est révélé plus que payant. Au total, les annonces et manifestations d’intérêt affichent un montant de 45 milliards d’euros alors même que le coût global du PDES 2022-2026 s’élève à 19 427,6 milliards de FCFA, soit environ 29,62 milliards d’euros. Ce montant est composé de 8 757 milliards de FCFA de dépenses publiques sur ressources propres de l’État, 6 742,3 milliards attendus des partenaires techniques et financiers (PTF) et 3 928,3 milliards émanant du secteur privé. Autant dire qu’au vu de l’engouement des bailleurs de fonds lors de cette rencontre de 2022, le financement du PDES 2022-2026 est assuré.
Comment expliquer une telle prouesse ? La réponse la plus plausible est la réelle confiance que les PTF placent dans le Niger eu égard aux énormes opportunités d’investissement dont il regorge dans les secteurs des mines, du pétrole, des énergies renouvelables, des infrastructures ou encore de l’agro-industrie. La stabilité politique que les autorités oeuvrent à maintenir en dépit d’un environnement géopolitique instable et leur intransigeance quant à la nécessité de respecter les processus démocratiques plaident aussi grandement en faveur de ce pays. À cette Table ronde consacrée au financement du PDES se sont ajoutés d’autres rendez-vous économiques de même ampleur qui devraient se traduire par des résultats probants : citons le premier Forum Business UE-Niger qui s’est tenu à Niamey en février dernier et auquel ont pris part plus de 700 participants et 400 entreprises de l’UE, du Niger et de la sous-région, suivi en mars par la visite stratégique du président nigérien au Bénin pour renforcer l’axe Niamey-Cotonou dans la perspective de la mise en service, à la fin de l’année, du plus grand oléoduc d’Afrique devant acheminer le pétrole brut nigérien du champ d’Agadem jusqu’au port béninois de Sèmè. D’ici deux à trois ans, le Niger pourrait produire 200 000 barils/jour, contre 20 000 actuellement, faisant passer la contribution pétrolière au PIB de 4 % en 2017 à 24 % en 2025. Dans cette édition, plusieurs ministres – Transports, Santé, Mines, Commerce… – dévoilent leur feuille de route et leurs actions prioritaires pour 2023. Les dirigeants de grandes sociétés étatiques et du privé s’expriment aussi dans nos colonnes, sans oublier Abdoulaye Diop, président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), qui confirme l’appui de cette institution au Niger pour accompagner le suivi-évaluation de la mise en oeuvre du PDES. Enfin, à l’approche de la mi-mandat du président Mohamed Bazoum, les stratèges du PNDS-Tarayya, parti présidentiel, voudront sans aucun doute mettre en avant le bilan des actions de ce chef de l’État qui se révèle être un champion en matière de croissance économique. En effet, pour 2023, le taux de croissance du PIB du Niger est estimé par le FMI à 7,3 %, ce qui en fait l’une des croissances les plus élevées du continent africain.