« Un engagement toujours plus déterminé à installer une culture d’excellence »
Nommé directeur général de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) depuis à peine plus d’un an, Souley Oumarou a pris à bras le corps l’ensemble des défis à relever par cette institution. Il dresse en effet une liste de chantiers qui a de quoi donner le tournis…
Quel a été votre sentiment lorsque vous avez appris votre nomination comme directeur général de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) suite au Conseil des ministres du 18 novembre 2021 ?
Souley Oumarou : J’ai été animé par un sentiment de joie et de fierté pour l’honneur et la confiance faits à ma modeste personne en me confiant cette lourde mission de direction de la CNSS. J’exprime ma profonde gratitude à l’endroit du président de la République, Son Excellence Monsieur Mohamed Bazoum, pour la confiance qu’il m’a témoignée à travers cette nomination. Il m’appartiendra de saisir cette opportunité pour faire de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale un pilier essentiel de protection sociale et un outil de développement économique, social et de lutte contre la pauvreté au Niger.
Après un an de gouvernance à la tête de cette institution, quel bilan financier et moral de votre action êtes-vous en mesure de présenter, et pensez-vous ce bilan à la hauteur des objectifs que vous vous étiez fixés à votre arrivée ?
Il est important de faire une pause et de regarder en arrière pour constater ce que l’on a fait jusqu’à présent. Cela permet de rapprocher les réalisations des prévisions et d’envisager l’avenir avec beaucoup plus d’ambition et d’engagement. La protection sociale est un droit fondamental consacré par des instruments nationaux et internationaux. Ainsi, en dépit de la persistance de l’impact négatif de la pandémie de Covid-19 et du contexte sécuritaire difficile dans plusieurs régions de notre pays, la CNSS a enregistré un bilan satisfaisant pour l’année qui vient de s’écouler. En effet, nous avons impulsé un certain nombre d’actions qui se sont traduites par des résultats positifs aujourd’hui bien visibles. C’est ainsi que nous avons pu poursuivre le paiement mensuel de la pension, octroyer aux assurés des prestations de qualité dans des délais raisonnables, améliorer les conditions de vie et de travail de notre personnel grâce à la revalorisation de la grille salariale, procéder à un recrutement de personnel pour faire face non seulement aux différents départs à la retraite mais aussi à l’accroissement des activités et aux exigences nouvelles des postes de travail, parvenir à l’élaboration, à l’harmonisation et à la régularisation juridique des textes portant création de la CNSS ainsi que du statut de notre institution, mettre en place des instruments pour un meilleur recouvrement des cotisations et de diverses autres dettes, obtenir l’enregistrement d’un taux de recouvrement des cotisations au-delà de 100 %, et enfin opérer une augmentation du budget à hauteur de 11,33 % par rapport à l’année passée. Nous pouvons donc considérer que le bilan enregistré est satisfaisant pour l’exercice 2022. Mais ce bilan, quoique positif, appelle de notre part un engagement toujours plus déterminé pour installer au sein de notre institution une culture d’excellence.
Parmi les défis de votre gouvernance, avez-vous identifié les chantiers prioritaires ? Une réflexion a-t-elle été menée sur la notion de qualité de service de la CNSS vis-à-vis des bénéficiaires de ses prestations ?
La bonne gouvernance est essentielle à l’efficacité de la protection sociale et constitue à mes yeux une priorité dans la gestion de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale. Elle a pour objectif de permettre à la CNSS de remplir les missions qui lui ont été assignées et de garantir que les services fournis répondent aux besoins des assurés. Elle vise également à oeuvrer à la sécurisation des ressources de l’institution par le biais d’une gestion rigoureuse, notamment grâce à des investissements rationnels porteurs de valeurs. La bonne gouvernance, c’est en conséquence de garantir la pérennité de notre système de sécurité sociale en tenant compte des intérêts de toutes les parties prenantes : les assurés sociaux, le personnel de l’institution, l’État du Niger et l’ensemble des partenaires intervenant dans notre secteur. La Caisse Nationale de Sécurité Sociale va s’engager de plus en plus à affiner sans cesse ses stratégies en termes de qualité de service aux assurés. Mon credo, c’est l’amélioration continue, la recherche permanente de la qualité, et cela dans tous les domaines de notre champ d’intervention. Cependant, nous sommes confrontés à de nombreux défis qu’il faut relever pour répondre aux besoins croissants et de plus en plus complexes des assurés. Les principaux défis auxquels est confrontée notre institution – ou auxquels elle sera confrontée dans un avenir proche – sont essentiellement la soutenabilité financière du régime de sécurité sociale, la modernisation tous azimuts de notre système d’information, l’efficacité agissante de notre système de recouvrement des cotisations, l’extension de la couverture sociale aux couches non encore couvertes comme les travailleurs du secteur informel ou encore l’amélioration continue de la qualité des services aux assurés.
Avez-vous déjà avancé sur certains de ces chantiers prioritaires ?
Beaucoup de chantiers ont été entamés dès ma prise de service, dont entre autres la retraite complémentaire par capitalisation, la réforme paramétrique de la branche pensions ainsi que la dynamisation de notre communication et l’impulsion de la recherche qualité. La qualité des services de sécurité sociale constitue un investissement dans l’efficacité et l’efficience, ce qui a pour effet de renforcer la confiance du public envers le système de protection sociale et d’améliorer son impact social. Sous ma gouvernance, nous allons tout mettre en oeuvre pour que le système de sécurité sociale fonctionne sur ces valeurs. C’est ainsi que la CNSS, dans sa détermination à fournir aux assurés des prestations de qualité, a redynamisé le département qualité dont la mission fondamentale est la recherche continue de la satisfaction des assurés. La CNSS s’est désormais inscrite dans le chantier de l’amélioration continue de la performance grâce à une gouvernance renforcée et un management de qualité.
Quelle place a été accordée aux thématiques de protection de sécurité sociale dans le programme de
Renaissance acte III du président de la République ?
Au Niger, le droit à la protection sociale fait partie des préoccupations des plus hautes autorités du pays,
et je rappelle d’ailleurs qu’il a déjà été inscrit dans la Constitution du 25 novembre 2010. C’est pourquoi le programme de Renaissance acte III du président Mohamed Bazoum l’envisage comme l’un des défis à relever. Il s’agit notamment de l’amélioration de la couverture sociale en oeuvrant pour que tous les Nigériens normalement assujettis à notre système soient effectivement inscrit à la CNSS, ce qui aura pour effet d’élargir la couverture de la population des travailleurs assurés car malheureusement, pour diverses raisons, beaucoup de travailleurs qui devraient normalement être inscrits et assurés à la CNSS ne le sont pas. Nous ambitionnons également de rendre effectif un projet auquel nous tenons, la retraite complémentaire par capitalisation, qui permettra à ceux de nos assurés qui vont y souscrire d’augmenter de façon substantielle leur pension quand le terme arrivera. En outre, de par nos activités, notamment le paiement de différentes prestations allant des pensions aux prestations sociales en passant par les rentes, nous avons octroyé près de 30 milliards de FCFA à nos assurés sociaux au cours de l’année précédente. Ces ressources essentiellement destinées à la consommation participent à la lutte contre la pauvreté et le dénuement social. Ce faisant, la CNSS joue son rôle d’acteur économique majeur dans notre pays et participe de façon agissante à booster l’économie nationale et à assurer la stabilité sociale. Nous sommes donc, eu égard à notre mission, au coeur du programme Renaissance acte III du président de la République Mohamed Bazoum, dont je rappelle qu’il vise essentiellement le développement économique et social de notre pays.
Quelles sont les priorités inscrites sur votre feuille de route spécifiquement pour cette année 2023 ?
Vous savez, dans notre contexte, tout est prioritaire. Cependant, il y a des axes sur lesquels nous comptons nous appesantir tout au long de l’année en cours : la mise à l’équilibre de la branche pensions, l’extension de la sécurité sociale, l’amélioration de la qualité des prestations, l’optimisation de la communication à l’endroit des assurés sociaux et des employeurs, le recouvrement sur débit, et enfin la formation du personnel, ce qui constitue, vous en conviendrez, un programme fourni. Tout d’abord, en plus des priorités que nous venons de décliner, nous allons nous atteler à mettre à l’équilibre la branche pensions. En effet, pour remédier au déséquilibre qui s’annonce, un glissement de taux de cotisations sociales est prévu de la branche prestations familiales à la branche pensions. Nous allons également nous consacrer à l’extension de la sécurité sociale. Aujourd’hui, la survenance de certaines crises, on l’a vu notamment avec la pandémie de Covid-19 en 2020, a prouvé l’importance de la sécurité sociale comme amortisseur du choc, sachant que ce sont les pays avec un faible taux de couverture qui ont été les plus impactés. Par ailleurs, nous allons consentir un effort tout particulier à l’amélioration de la qualité des prestations : l’accessibilité du service de la sécurité sociale constitue un enjeu majeur et repose en premier lieu sur une réactivité dans le traitement des dossiers ainsi que sur le paiement des droits dans des délais raisonnables. Cette ambition doit être marquée par une bonne organisation de notre institution et des moyens informatiques renforcés pour accompagner la transition numérique et assurer une modernisation du système d’information. L’amélioration de la communication fait aussi partie des axes majeurs de notre feuille de route 2023, dans la mesure où la communication entre l’organisme de sécurité sociale et les assurés sociaux a pour but d’informer, de former, de faire savoir, de faire comprendre, de répondre, d’assurer et de rassurer en vue d’une relation mutuellement bénéfique entre l’institution et ses bénéficiaires. La même démarche va être poursuivie vis-à-vis des employeurs, qui sont les premiers cotisants dans notre système. Á cet effet, la CNSS fait de cette communication un puissant outil au service d’une gestion optimale de la « relation client ». Au rang des priorités figure également le recouvrement sur débit. Le comité mis en place pour fiabiliser les comptes et proposer des stratégies de recouvrement a produit son rapport, qui a été validé par le conseil d’administration, et nous entendons mettre en oeuvre rapidement les recommandations de ce rapport. Enfin, nous allons poursuivre la formation du personnel. À cet effet, un plan de formation a été élaboré pour dispenser au personnel une formation continue en vue d’une part d’assurer une relève face aux prévisions de départ à la retraite et d’autre part d’avoir un personnel hautement qualifié. Il s’agit pour nous d’oeuvrer en faveur du développement des compétences et de mettre à la disposition de notre institution un personnel de qualité, conscient de ses devoirs et à même de répondre aux défis qui se posent à nous dans le cadre des objectifs que nous nous sommes assignés.
Propos recueillis par Andju Ani