« Nous sommes de plus en plus acteur du développement du pays »
Satisfait mais modeste, Aymeric Villebrun, directeur général de Société Générale Côte d’Ivoire (SGCI), a évoqué le 12 avril lors d’une conférence de presse tenue à Abidjan les temps forts de l’entreprise qui fête ses 60 ans d’existence, se prononçant aussi sur ses performances.
L’année 2022 est particulièrement importante pour SGCI, puisqu’il s’agit de commémorer les 60 ans d’existence de la filiale ivoirienne du groupe Société Générale. Quelle importance aura cet événement pour le personnel et la direction générale ?
Aymeric Villebrun : Les festivités s’étendent sur un an. Il y aura une cérémonie de remise de médailles pour les collaborateurs qui ont travaillé depuis plus de 15 ans dans la banque. Nous allons aussi remettre les clés des maisons de la 5e cité du personnel de la Société Générale Côte d’Ivoire à Abatta, dans la commune de Bingerville. Un grand dîner sera organisé en l’honneur du personnel, mais dans le respect des mesures barrières contre le Covid-19. Et beaucoup d’autres choses sont prévues au programme. Cette célébration se fera aussi avec nos clients ici, à Abidjan, et dans quelques agences de province. Nous voulons donner un éclat particulier à ce bel anniversaire. Avoir 60 ans, ce n’est pas tous les jours ! Plus d’un demi-siècle d’existence qui se confond avec l’évolution socio-économique de la Côte d’Ivoire. Quelles sont les dates majeures de l’évolution de la banque dans le pays ? D’abord, on peut remonter au-delà des 60 ans. Dans les années 1940, le groupe Société Générale est arrivé ici, en Côte d’Ivoire, pour y commencer son aventure. Ensuite, la création de la banque à proprement parler a eu lieu en 1962. Ce beau siège a été construit en 1965. D’autres initiatives ont suivi, et elles ont abouti à un réseau d’agences qui n’a cessé de s’agrandir. Nos activités ont été renforcées, diversifiées et variées. Dans cet élan, citons la création de la salle des marchés régionaux, que je considère comme la plus essentielle et la plus marquante de ces 60 ans. Nous n’avons pas non plus cessé d’investir, car il s’est toujours agi d’encourager les personnes à investir en Côte d’Ivoire et de les soutenir. De ce fait, nous y avons renforcé notre présence grâce à l’accompagnement proposé à nos clients, ce qui nous conduit à être aujourd’hui de plus en plus acteur du développement du pays, bien sûr avec quelques échecs. Mais nous continuons. En 60 ans, quelle stratégie gagnante a été mise en oeuvre par SGCI pour devenir aujourd’hui l’un des leaders incontestés de la zone UEMOA, désigné première banque sur plusieurs segments, avec un portefeuille totalisant plus de 331 000 comptes actifs ? Les recettes, il y en a beaucoup. Cependant, la stratégie gagnante, l’ingrédient principal et le plus essentiel, c’est le personnel de la banque. Cela fait 60 ans que SGCI investit dans son personnel, essaie de recruter les meilleurs, de les former, de les faire grandir. Mieux, nous trouvons les mécanismes pour être dans une relation gagnant-gagnant à la fois avec le personnel et avec les clients. De sorte qu’avec ces mécanismes, tout le monde gagne. C’est la clé de notre succès. Après 60 ans d’existence, que représente aujourd’hui SGCI en nombre d’emplois, et quelle place accordez- vous à la formation ? Á ce jour, SGCI compte 1 300 collaborateurs et vit une nouvelle phase de transformation. Toutes les transformations qui ont eu lieu durant 60 ans n’auraient pas été possibles sans former les collaborateurs. La formation est un élément majeur, et nous en sommes conscients. C’est pourquoi nous mettons un accent particulier sur des formations générales et pointues pour l’ensemble de nos collaborateurs dans certaines catégories. Nous avons des plans de formation très riches et très variés sur lesquels nous investissons beaucoup. Comment s’est opérée la métamorphose graduelle de votre réseau bancaire, au point que vos agences assurent aujourd’hui un bon maillage du territoire ? Aujourd’hui, nous avons plus d’une centaine d’agences : 82 agences traditionnelles et une grosse vingtaine d’agences digitales. À l’image de l’histoire de la croissance ivoirienne, notre réseau a connu des croissances puis des décroissances pendant les crises et, à nouveau, de fortes croissances. Nous sommes là pour accompagner nos clients où qu’ils se trouvent en Côte d’Ivoire, pour être plus près d’eux, et cette ambition est à la base de notre bon maillage du territoire. Votre stratégie tournée vers le tout digital s’est-elle révélée payante ? Le digital prend une place de plus en plus grande. Il y a 10 ans, ce n’était pas la même chose avec les outils digitaux. On a connu ici l’époque où il n’y avait pas de distributeur de billets de banque et où les comptes étaient tenus sur du papier. Maintenant, nous sommes à l’ère de l’ordinateur. Si vous êtes clients de la banque, grâce au digital, vous pouvez depuis votre canapé effectuer un virement sur votre compte d’épargne où sur le compte de votre propriétaire si vous êtes locataire, au lieu de venir en agence remplir un papier qui fera le tour de la banque et sera traité trois jours plus tard. Aujourd’hui, notre stratégie s’est révélée payante simplement parce que nous nous sommes adaptés à l’air du temps. Vu votre position de banque d’investissement, allez vous accompagner le gouvernement ivoirien dans son nouveau Plan national de développement (PND) 2020- 2025 qui s’établit à 21 110,3 milliards de FCFA et dans lequel le secteur privé joue un rôle prépondérant ? Société Générale Côte d’Ivoire est complètement alignée avec les priorités du Plan national de développement. On est très présent dans le financement des infrastructures, que ce soit dans l’eau potable, dans l’énergie électrique, dans les routes ou dans le secteur hospitalier. On est très présent aussi dans l’industrie agricole ainsi que dans la formation. On subventionne la filière data de l’Institut national polytechnique Houphouët-Boigny de Yamoussoukro. Sur l’ensemble des axes, nous sommes complètement liés, et nous comptons rester dans la même voie s’agissant d’accompagner le gouvernement dans ce nouveau PND. Après la célébration des 60 ans de SGCI comme opérateur financier de premier plan et investisseur majeur, comment voyez-vous l’évolution de votre banque dans la prochaine décennie en Côte d’Ivoire ? Pour moi, c’est l’histoire d’une banque qui tourne. On a une forte croissance de nos activités et une bonne maîtrise de nos frais généraux ainsi que du risque. Aujourd’hui, notre total bilan est estimé à un peu plus de 3 000 milliards de FCFA. Il est constitué du dépôt de nos clients et de nos actionnaires. Notre vision de l’avenir, c’est donc que les 60 prochaines années soient aussi fructueuses que les 60 premières.
Propos recueillis par Alain Bouabré