Entretien – Directeur général du Bureau National d’Études Techniques et de Développement

« Nous voulons marquer notre leadership dans le développement et l’innovation »

Le Bureau National d’Études Techniques et de Développement (BNETD) a joué et continue de jouer plusieurs rôles dans la préparation et la réalisation du Programme national de développement (PND) 2021-2025. Le directeur général Kinapara Coulibaly nous donne un aperçu des actions entreprises.

Quelle est la particularité du BNETD en tant que cabinet conseil du gouvernement, et existe-t-il des équivalents dans les pays de l’UEMOA et de la CEDEAO ?

Kinapara Coulibaly : En sa qualité de cabinet conseil du gouvernement, le BNETD accompagne l’État de Côte d’Ivoire dans la réalisation des vastes programmes de développement au moyen d’études, de missions de suivi et de contrôle ainsi que d’assistance et de conseil. Au sein de l’UEMOA et de la CEDEAO, il y a en effet eu des initiatives de création d’entités comme le BNETD. Nous avons l’exemple de la Guinée en 2017 avec l’Administration et contrôle des grands projets (ACGP), qui a bénéficié de l’accompagnement du BNETD. Cependant, ces bureaux d’études, en majorité, assurent uniquement une mission de maître d’ouvrage délégué (MOD). Ils reçoivent mandat des différents maîtres d’ouvrage pour assurer la gestion intégrale des projets, contrairement à notre bureau d’études qui assure des missions plus diversifiées et qui bénéficie d’un solide ancrage historique au service de l’État et des communautés, avec à son actif plus de 40 années d’expérience dans les principaux domaines de développement. Ses fonctions essentielles assurent au BNETD une notoriété qui le positionne parmi les meilleurs bureaux d’études africains, avec plus de 1 000 prestations ces 10 dernières années. Comment oeuvrez-vous pour exporter cette expertise ivoirienne dans des zones telles que la CEMAC ou l’UEMOA ? Dans un contexte d’intégration régionale et de mondialisation, le BNETD s’est inscrit depuis 2002 dans une dynamique d’expansion régionale. Il partage son expertise avec 16 pays africains répartis en 3 bureaux régionaux dans 3 zones géographiques en Afrique de l’Ouest et centrale. La zone 1 couvre le Burkina Faso, la Guinée, la Guinée Bissau, le Sénégal et la Mauritanie. La zone 2 regroupe le Bénin, le Togo, le Tchad, le Mali et le Niger. La zone 3 comprend le Cameroun, la République du Congo, la République démocratique du Congo, le Gabon, la Guinée Équatoriale et la République Centrafricaine. La mutualisation de nos compétences à l’international est un gage de réussite qui nous permet non seulement d’accroître notre chiffre d’affaires mais aussi d’avoir davantage de visibilité et de notoriété. Le gouvernement de Patrick Achi a adopté un nouveau Programme national de développement (PND) 2021- 2025. Quelle est la part d’investissement du BNETD dans l’élaboration de ce programme ? Conformément à sa vocation de cabinet conseil et de partenaire privilégié de l’État de Côte d’Ivoire, le BNETD a joué et continue de jouer plusieurs rôles dans la préparation et la réalisation du PND 2021-2025. Nous intervenons avant tout dans le processus de programmation et de planification du développement du pays. Nos services agissent aussi dans l’opérationnalisation du programme quinquennal adopté par les autorités. Pour la préparation du Programme d’investissement public (PIP) – l’une des étapes préalables aux processus de budgétisation pluriannuelle et annuelle des activités prévues dans le PND –, le BNETD participe chaque année au choix des projets d’investissement public lors des conférences programmes dédiées à l’élaboration du PIP. Au cours de ces séances, le BNETD donne son avis technique sur l’état de maturité des projets nouveaux et fournit des données sur la performance des projets en cours. Enfin, dans la mise en oeuvre des projets, le BNETD joue un rôle stratégique : il réalise non seulement plusieurs études de faisabilité de projets de développement identifiés dans le PND 2021-2025, mais effectue aussi le contrôle et le suivi de l’exécution de projets d’investissement menés par l’État de Côte d’Ivoire dans la quasi-totalité des secteurs de la vie économique. Quels sont les grands traits du bilan 2021 du BNETD ? L’année 2021 nous a permis de consolider nos acquis en matière de performances financières initiées en 2020, avec une croissance tant au niveau du chiffre d’affaires que des marges d’exploitation et nettes. En outre, conscients des enjeux liés à nos activités et dans un contexte de résurgence de la pandémie de Covid-19, nous nous sommes dotés d’un système de management de la continuité d’activité afin de poursuivre nos activités et d’anticiper les crises et sinistres. Enfin, en vue d’insuffler un dynamisme nouveau à nos activités, nous avons mis en exploitation le studio BNETD, un espace de promotion d’une culture de l’innovation aussi bien en interne que pour nos clients et partenaires, l’objectif étant de marquer notre leadership dans les domaines
du développement et de l’innovation. En novembre 2020, le BNETD a été mandaté par le Programme de décentralisation des universités (PDU) sur une mission d’accompagnement et d’appui au maître d’ouvrage pour l’université de San-Pedro sur une période de 36 mois. Comment sont réparties les tâches entre le BNETD et son partenaire ? Le projet de construction et de suivi de la maintenance de l’université de San-Pedro est un projet de partenariat public-privé (PPP) signé entre l’État de Côte d’Ivoire et ENVOL Partenariat CI. Le représentant de l’État est le Programme de décentralisation des universités (PDU) du ministère de l’Enseignement supérieur de la Recherche scientifique (MESRS) et la partie privée est ENVOL Partenariat CI. Le financement, la conception, la réalisation des travaux et les opérations de gros entretien-renouvellement de la phase 1 de l’université de San-Pedro sont assurés par le partenaire privé ENVOL. Quant au BNETD, agissant en qualité d’assistant au maître d’ouvrage (AMO), il intervient depuis la phase de négociation du financement jusqu’à l’aboutissement de la signature du contrat PPP. Son rôle consiste à effectuer le contrôle des études, la supervision des travaux ainsi que l’élaboration du cahier de charges de la maintenance du projet et son suivi. Le BNETD était au coeur de l’organisation d’AfricaGIS 2021, important événement de l’univers géospatial. Quelles ont été les retombées à la fois pour la Côte d’Ivoire et pour le BNETD ? Cet événement d’envergure internationale a vu la mobilisation de plus de 550 participants, avec 46 pays représentés, dont 36 africains. La qualité des échanges, la présence massive des experts du domaine, des entreprises privées et publiques locales, l’implication de plusieurs autorités étatiques et du monde universitaire ont généré de nombreuses avancées. Celles notamment de positionner la Côte-d’Ivoire dans les organes internationaux de sciences géospatiales, de faire connaître les travaux de recherche des experts locaux, de nouer des partenariats gagnant-gagnant entre entités locales et internationales, et enfin de découvrir et partager les dernières technologies en matière de télédétection ainsi que de sciences et stratégies spatiales. Concernant notre institution, cette conférence a contribué significativement au renforcement des capacités de nos agents et renforcé la position du Centre d’information géographique et numérique (CIGN) du BNETD sur le marché de l’information géographique.

Propos recueillis par Serge-Henri Malet

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