Mise en service du métro d’Abidjan : « 2026 semble une échéance raisonnable »

Avec 1 200 morts par an sur la route et plus de 21 000 blessés, la sécurité routière en Côte d’Ivoire est une priorité. Amadou Koné, ministre des Transports, donne un aperçu des moyens déployés par son gouvernement dans le cadre de son plan 2021-2025 pour la sécurité routière.

Quels sont les grands chantiers du gouvernement en matière d’infrastructures routières et de transports ?

Amadou Koné : La vision du gouvernement est de se doter d’un réseau routier capable de soutenir le developpement économique amorcé par le pays depuis peu. Dans le district d’Abidjan, nous avons opté pour un système multimodal qui intègre le ferroviaire, le routier et le fluvio-lagunaire. Nous avons donc plusieurs chantiers d’échangeurs et de ponts ainsi que la construction du périphérique Y4 et l’exploitation du plan d’eau lagunaire par deux entreprises privées en plus de la SOTRA. Les villes de l’intérieur du pays ne sont en reste : l’autoroute du Nord est prolongée jusqu’à Bouaké, deuxième ville du pays. Nous dotons aussi Bouaké et bien d’autres localités de moyens de transport de masse modernes avec les autobus SOTRA, les taxis Ivoire et les autocars neufs pour les transporteurs. Plusieurs grands axes, notamment dans l’ouest et l’est du pays, ont été rehabilités. Au sud du pays, la réhabilitation de la principale route qui borde le littoral est entamée. Quels projets du ministère des Transports s’inscrivent dans le Programme d’investissement public (PIP) 2023- 2025 ? Dans le Programme d’investissement public 2023-2025, nous avons essentiellement inscrit la réalisation d’études APS et APD de grands projets infrastructurels, notamment ceux des BRT sur la Y4, sur l’axe Abidjan-Bassam et sur la route du Zoo. Sont également inscrits les projets de réhabilitation et de mise aux normes des aéroports de Bouaké et de Korogho. Enfin, je peux citer les postes de contrôle juxtaposés de Gbapleu, de Laléraba et de Nigouni. Où en sont les travaux du futur métro d’Abidjan ? Comment évolue l’expropriation des populations situées sur le tracé des rails ? On annonce le scénario d’une mise en service vers 2026 : pourquoi si tard ? Ce projet lancé le 30 novembre 2017 vise à accroître la mobilité des Abidjanais, soit plus de 500 000 voyageurs transportés quotidiennement par le métro. C’est donc un projet très important pour une ville comme Abidjan. Un projet sérieux. Le plan d’action de réinstallation des personnes affectées par le projet de construction de la ligne 1 suit son cours. Plusieurs ménages ont commencé à libérer les emprises. Bien naturellement, certains sont un peu à la traîne. Les indemnisations se poursuivent. En ce qui concerne la mise en service du métro d’Abidjan, l’échéance de 2026 nous paraît la plus raisonnable et indiquée, car la construction du métro ne se fera pas sans réaliser bien d’autres ouvrages le long du tracé. Certes, cette infrastructure utilise un pan du tracé de la ligne de chemin de fer Abidjan-Ouaga, mais il ne s’agit pas d’utiliser les mêmes installations. Ce sont donc de nouvelles installations qui seront posées, et c’est ce qui fixe nos prévisions aux alentours de 2026. La Côte d’Ivoire recense un nombre de morts sur la route estimé en moyenne à 1 200 par an, et un nombre de blessés estimé à plus de 21 000. Votre gouvernement a lancé un plan pour la sécurité routière sur la période 2021-2025. Comment les dispositions contenues dans ce plan vont-elles faire baisser ce chiffre ? La question de la sécurité routière est pour le gouvernement ivoirien un problème d’utilité publique. Les chiffres, comme vous le soulignez, sont alarmants. Mais nous ne sommes pas fatalistes. Le gouverment a engagé une stratégie nationale de sécurité routière qui, pour nous, est innovante et va porter ses fruits. Elle contient un certain nombre de dispositifs qui nous permettront de mettre en place une réponse multisectorielle à la lutte contre l’insécurité sur nos routes. Avec la mise en oeuvre de la vidéoverbalisation en septembre 2021, les effets se font déjà ressentir. Ce sont plus de 400 000 contraventions qui ont été émises en seulement quelques mois. Et les accidents ont baissé de plus de 24 % dans le district d’Abidjan. Parallèlement à cela, nous avions initié une grande campagne de sensibilisation que nous entendons poursuivre. Avez-vous pensé à durcir les sanctions pour les infractions routières ? La police spéciale de la sécurité routière monte en puissance et elle intensifie ses contrôles sur le terrain, principalement à Abidjan. Parallèlement, la Commission spéciale de suspension et de retrait de permis de conduire continue de sanctionner les chauffeurs indélicats avec ses sessions mensuelles. Á côté de ces dispositifs, d’autres mesures viendront renforcer le cadre réglementaire de la lutte contre les accidents. Dès le début de cette année, la Côte d’Ivoire a lancé, par le biais de SOTRA Industrie, ses premiers véhicules made in Côte d’Ivoire intégralement fabriqués par une chaîne de montage dans votre pays. Au-delà du marché ivoirien, où seront commercialisés ces minibus ? Comment s’articule votre partenariat avec le réseau de distribution IVECO ? Une nation qui a de grandes ambitions ne peut pas se construire sans mettre en place une industrie automobile. C’est pourquoi nous ambitionnons de nous en doter. Avec le Daily Ivoire, nous partons à la conquête du marché local et sous-régional. Nous avons un nombre assez important de commandes. Le partenariat avec IVECO est un bon test et, à ce jour, une réussite. Nous sommes en discussion avec d’autres constructeurs. Un site à San-Pedro a été identifié pour abriter une zone industrielle dédiée à l’automobile. C’est donc dire que sous le leadership du président Alassane Ouattara, nous avons une vision claire pour notre pays.

Propos recueillis par Serge-Henri Malet

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