« En 2023, l’emploi des jeunes sera une priorité »
Président de la CCIMA et de la CPCCAF, Christophe Eken rappelle les objectifs assignés en 2023 aux deux institutions et dresse le bilan des actions qui y ont été engagées.
En 2021, dans quelle proportion ont évolué par rapport à 2020 les indicateurs tels que les investissements directs étrangers (IDE), la contribution du secteur privé aux recettes fiscales et douanières ou encore la création d’entreprises ?
Christophe Eken : Comme tous les pays du monde, le Cameroun a connu les effets négatifs de la pandémie de Covid-19 et leur impact direct sur l’activité économique, donc sur les recettes fiscalo-douanières prévues dans les budgets 2020 et 2021 de l’État. Toutefois, le taux de mobilisation des recettes douanières a été de 108,5 % en 2020, avec 705 milliards de FCFA collectés, contre 650 milliards attendus. En 2021, le taux de réalisation s’est maintenu à 105,8 % avec 851 milliards collectés, contre 801 projetés. Les investissements directs étrangers (IDE) ont pour leur part progressé de 25,9 % entre 2020 et2021, passant de 675 à 850 millions de dollars. Quant à la création d’entreprises, les Centres de formalités de création d’entreprises (CFCE) représentés dans nos 10 régions ont enregistré au total 15 591 entreprises créées en 2021, contre 10 681 en 2020. Vous avez été porté à la tête de la Conférence permanente des Chambres consulaires africaines et francophones (CPCCAF) à l’issue de la 46e Assemblée générale tenue en avril dernier.
Quel rôle joue la CPCCAF dans l’accompagnement des entreprises en Afrique et quelle impulsion allez-vous donner à votre mandature 2022-2024 ?
La CPCCAF, créée en 1973, est un réseau international de plus de 130 Chambres consulaires et organisations intermédiaires dans 32 pays francophones, dont 26 pays africains. Le président de la CPCCAF, lui, est toujours africain. Aujourd’hui, depuis notre 46e Assemblée générale à Yaoundé en avril 2022, il s’agit du président de la CCIMA du Cameroun. Depuis son origine, la CPCCAF est au service du développement du secteur privé francophone et de la croissance économique du continent africain en s’appuyant sur les entreprises et lespartenariats techniques et commerciaux construits entre opérateurs et acteurs économiques francophones. Pour cela, elle opère un transfert de savoir-faire et de bonnes pratiques entre les membres de son réseau, soutenant directement les 8 millions d’entreprises africaines et francophones des 32 pays de son champ géographique. Après une mandature marquée par la pandémie de Covid-19 qui nous a fait prendre conscience des difficultés importantes engendrées par de telles circonstances mais que nous avons mise à profit pour prendre le virage du numérique, nous avons fait le choix de nous centrer sur nos fondamentaux : le renforcement des structures qui accompagnent les entreprises afin de les aider à mieux contribuer, au moyen d’outils et de dispositifs adaptés, à l’insertion économique des jeunes, à l’autonomisation des femmes, à la connaissance des marchés et à la stratégie export des TPE-PME. Nous avons élaboré en ce sens un projet de mandature qui sera soumis au vote de notre prochaine Assemblée générale CPCCAF prévue à Cotonou, au Bénin, du 8 au 12 mai 2023. Dans ce projet de mandature, il y a un sujet qui me tient particulièrement à coeur : le couplage inter-entreprises devant conduire à la constitution de chaînes de valeur francophones (CVF). Nous avons par ailleurs prévu une évolution de nos statuts et de notre règlement intérieur pour, notamment, intégrer d’autres organisations intermédiaires ainsi que des membres bienfaiteurs comme, par exemple, des entreprises.
En qualité de président de la CPCCAF, quel bilan dressez-vous de votre visite de travail en France, où vous avez rencontré de nombreux partenaires ?
La CPCCAF est partenaire de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et d’autres grands acteurs de la francophonie. Au cours de nos dernières rencontres avec des partenaires à Paris, Abidjan, Québec et ailleurs en Francophonie, nous avons conclu des accords de partenariat avec tous ces acteurs économiques que sont le CIAN, l’Alliance des patronats francophones et les grandes Chambres francophones pour contribuer à structurer plus efficacement les réseaux économiques francophones gravitant autour de l’OIF. Nous avons par ailleurs renforcé nos liens avec d’autres organisations internationales comme ITC, ICC et l’OMPI ou encore l’AFNOR et le CMAP de la CCI Paris-Île de-France afin de pouvoir proposer à nos membres les outils les plus efficaces pour accompagner leurs entreprises. Nous avons aussi participé, à Kinshasa, à la création du Haut Conseil des affaires (HCA) pour l’Afrique centrale, première étape vers un HCA unifié pour l’Afrique continentale, afin que le secteur privé soit mieux pris en compte dans les politiques de l’UA, comme par exemple la ZLECAf, et qu’il fasse bien partie des cibles prioritaires des stratégies européennes.
Le Fonds commun des produits de base suscite-t-il un engouement chez les PME camerounaises ? Quelles sont les facilités de financement offertes par ce guichet ? Quels types de prêts propose-t-il et sur quelle durée ?
Les besoins en financement des PME camerounaises sont entre autres le financement des investissements, celui du fonds de roulement et celui d’une combinaison d’investissement et de fonds de roulement. Dans sa volonté d’améliorer l’accessibilité financière des PME, notre institution consulaire les appuie par un accompagnement au montage des projets et une orientation vers des structures de financement. C’est dans cette optique que nous avons incité nos PME à se rapprocher du Fonds commun des produits de base, qui accorde des facilités selon deux modalités : les prêts remboursables et les financements non remboursables pour une période allant de 12 mois à 5 ans. Les prêts remboursables vont de 300 000 à 2 millions de dollars américains, tandis que les financements non remboursables vont de 50 000 à 300 000 dollars américains. Notre rôle d’intermédiation financière suscite beaucoup d’intérêt de la part des PME et leur permet d’accéder à des financements pour réaliser leurs projets.
En tant que président de la CCIMA, quelles ont été les priorités de votre feuille de route 2022 ?
Au vu des perspectives de l’économie mondiale en 2022, nous avions décidé de contribuer principalement aux initiatives gouvernementales destinées à rendre notre économie moins dépendante de l’extérieur, à en faire une économie où l’innovation soit promue et où des facilités soient mises en place pour favoriser l’import-substitution. À l’heure du bilan pour ce qui est de l’année 2022, l’on peut estimer que globalement, nous nous sommes approchés de nos objectifs. En effet, l’environnement mondial moins apaisé qu’attendu ne nous aura pas empêché d’afficher un taux de réalisation de nos activités d’environ 55,54 %. En 2023, dans un contexte d’incertitudes mondiales, il s’agira pour nous, conformément aux orientations gouvernementales, d’adresser les problématiques de l’emploi des jeunes et de la valorisation des matières premières, locales notamment, par l’industrialisation des processus de transformation, par la compétitivité des entreprises et par la promotion de nos exportations, en particulier dans le cadre de la ZLECAf.
Propos recueillis par Serge-Henri Malet