« L’accompagnement du secteur privé est devenu une véritable priorité de l’État »
Faman Touré, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire (CCI-CI), donne un aperçu des actions réalisées par son équipe depuis son élection en 2016 à la présidence de cette institution devenue un acteur majeur de la diplomatie économique et du dialogue public-privé.
Á l’approche de la fin de la mandature pour laquelle vous avez été élu président en 2016, quel est le bilan de l’équipe dirigeante de la CCI-CI en termes d’actions et d’atteinte des objectifs ?
Faman Touré : Nous avions pour notre mandature plusieurs défis à relever. Le premier était le repositionnement de notre institution consulaire dans le paysage économique de notre pays à travers l’amélioration de la qualité de son offre de services d’appui et de formation aux entreprises et de son interaction avec les pouvoirs publics dans le cadre de sa mission consultative. Le second était l’accroissement de ses ressources. Enfin, il fallait mettre en oeuvre les résolutions du séminaire de Grand-Bassam tenu en 2016 et qui avait fixé les grandes orientations. Á partir de là, avant l’apparition du Covid-19, au moins 10 000 entreprises participaient régulièrement chaque année aux activités diverses proposées par la CCI-CI, sans compter les services délivrés dans le cadre des concessions, notamment la certification des poids, le Programme national de sécurisation des factures et le Transit routier inter-États. La qualité des services de la CCI-CI est attestée par le certificat ISO de son école pratique et le service de pesage. En outre, notre institution est constamment consultée par le gouvernement dans le cadre de la mise en oeuvre de sa politique économique. Elle est également un acteur majeur du déploiement de la diplomatie économique et du dialogue public-privé. Compte tenu de ces résultats, nous pouvons dire que nous avons hissé la CCI-CI à un niveau qui suscite le respect de tous. Une de vos priorités était de renforcer les ressources budgétaires de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire. Y êtes-vous parvenu ? Notre objectif était en effet de relever de manière substantielle les ressources financières de la CCI-CI afin d’accroître sa capacité d’intervention. Nous avons développé une stratégie avec quatre axes : l’élargissement de la gamme de services marchands, la mobilisation de ressources financières auprès des bailleurs de fonds, l’accroissement des investissements rentables, et enfin le renforcement du plaidoyer auprès des pouvoirs publics pour étoffer la dotation budgétaire de la CCI-CI. Nous avons obtenu des résultats tangibles sur le volet du partenariat avec les bailleurs de fonds, desquels nous avons reçu des lignes de financement qui ont permis de développer des programmes de renforcement de la résilience des PME face au Covid-19 et d’appui à la relance de leurs activités. Quant au volet du plaidoyer auprès de l’État, nous avons bon espoir d’avoir été entendus, notamment du fait que l’accompagnement du secteur privé est devenu une véritable priorité de l’État. En somme, nous pouvons dire que notre institution a su maintenir une certaine viabilité financière grâce à une politique d’optimisation dans le contexte des effets néfastes du Covid-19. Le 12 janvier 2022 à Abidjan, une convention de partenariat a été signée entre la CCI-CI et le cabinet Deloitte Côte d’Ivoire. Quels sont les enjeux de cette convention ? La convention entre la CCI-CI et Deloitte Côte d’Ivoire a pour objet de définir les conditions selon lesquelles Deloitte CI fournira des services de conseil et d’assistance juridique et fiscale au profit des PME ressortissantes de la CCI-CI. L’enjeu pour la CCI-CI est de
s’associer à un partenaire de renommée internationale pour mettre ses compétences au service des PME ivoiriennes. Les sujets sur lesquels porte la convention – le conseil, la fiscalité, le droit des entreprises – sont des services auxquels les PME n’ont pas accès faute de moyens pour payer les cabinets. C’est donc une assistance d’une grande valeur qui est mise à la disposition des entreprises. La formation des dirigeants et cadres des entreprises est un facteur de compétitivité. Elle permet de garantir la mise à niveau des travailleurs au regard des évolutions dans le monde. Quelles ont été les retombées de la participation de la Côte d’Ivoire, via la CCI-CI, à l’exposition internationale d’importation de Chine (CIIE) tenue du 5 au 10 novembre 2021 à Shanghai ? La participation des entreprises à la rencontre de Shanghai permet de nouer des partenariats de toute sorte. En général, il s’agit de trouver des clients, des fournisseurs d’équipements et d’intrants ainsi que d’autres types de partenariats comme la représentation, la jointventure, l’association, etc. Lors de vos rencontres avec le patronat chinois, quels secteurs économiques ivoiriens ont semblé les plus attrayants auprès de vos interlocuteurs ? Pour ce qui est des secteurs que nous conseillons, nous nous sommes toujours focalisés sur trois secteurs, le premier étant l’agro-industrie. En effet, la volonté du gouvernement est de passer à au moins 50 % le taux de transformation des produits agricoles, dont la production est de plusieurs centaines de milliers de tonnes. Le deuxième secteur conseillé est le BTP à cause des grands travaux d’infrastructures et des besoins en logements, estimés à environ 600 000 unités. Le troisième secteur est l’hôtellerie- restauration car la croissance économique soutenue, de l’ordre de 7 % l’an depuis 2012, a accentué le tourisme d’affaires. Á cela s’ajoutent les grandes rencontres prévues en Côte d’Ivoire comme la coupe d’Afrique des nations, des conventions d’affaires, etc. Pour cette dernière ligne droite de votre mandature, quelles sont vos autres priorités en 2022 ? L’année 2022 est celle au cours de laquelle l’impact du Covid-19 sera plus faible, avec l’espoir d’un retour à un régime normal de nos activités. Nous allons reprendre nos actions de développement en consolidant l’offre de services existants sous la contrainte d’une conjoncture internationale difficile. Il faut accompagner les PME à améliorer la qualité de leurs produits afin d’en faire de réels substituts des importations. Un autre axe prioritaire est l’accroissement de notre appui au développement des activités en région tout en poursuivant la recherche de financement pour la CCI-CI. Les autres enjeux majeurs concernent des événements comme la CAN 2023, l’IATF et la Foire de la ZLECAF, pour lesquels il faut préparer le secteur privé à en tirer profit.
Propos recueillis par Louise Bibalou-Durand