« La Côte d’Ivoire est la 3e destination africaine en tourisme d’affaires ».
N’Guettia Marcel Kouadio, président du Fonds de développement touristique (FDT), explique que sur le marché de l’hôtellerie de luxe, la Côte d’Ivoire s’appuie sur plusieurs chaînes hôtelières internationales comme Accor, Radisson, Four Seasons ou Mövenpick.
Quelles sont les missions dévolues au FDT, une structure sous tutelle du ministère du Tourisme et des Loisirs ?
N’Guettia Marcel Kouadio : Le FDT a notamment pour missions de soutenir le financement des projets contribuant à l’essor du tourisme, les investissements, le développement et la formation. En somme, c’est une structure d’État chargée de l’appui financier dans le secteur touristique. Quand le FDT a-t-il été créé et comment est-il structuré ? Le Fonds de développement touristique a été créé par décret n° 2007-582 du 20 septembre 2007. Il est administré par un comité de gestion assisté d’un secrétariat technique. Quel est son mécanisme de fonctionnement ? Il convient de rappeler que le FDT est présidé par le ministre du Tourisme. Le ministre délègue son pouvoir à un président qui dirige le comité de gestion. Le personnel du FDT est réparti entre celui du ministère du Tourisme et celui de la Banque nationale d’investissement, qui a en charge la gestion de la comptabilité du FDT. Mais, pour des tâches spécifiques et pour la dimension que désire donner le ministre à cette structure, le FDT a parfois recours à des contractuels. Quel budget lui est alloué et bénéficie-t-il de financements des guichets internationaux pour renforcer ses capacités ? Le budget du Fonds est constitué essentiellement de la taxe de développement touristique. Avec son statut actuel, il ne bénéficie pas de budget de la part des guichets internationaux, bien que nous ayons eu déjà à en solliciter quelques-uns. Quels sont les critères de classement des établissements hôteliers ? Comment sont enregistrées ces données stratégiques et qui est en charge de la réactualisation du positionnement de ces structures ? Nous avons 175 critères regroupant les thématiques suivantes : l’aspect extérieur de l’établissement, la réception et les services aux clients, les chambres et la restauration, l’administration et les ressources humaines, les équipements et les mesures de sécurité et d’hygiène, l’expérience et l’ancienneté, la situation fiscale de l’établissement, sa situation sociale, et enfin les autres services annexes. Toutes ces thématiques sont modélisées par un logiciel dont les fonctionnalités essentielles sont le recensement des établissements de tourisme et leur classement. La conception de ce logiciel de classement a pris plus d’un an et, pour répondre aux questions d’actualisation et de protection des données, nous continuons d’améliorer le système avec la version II en cours de réalisation. S’agissant du suivi de l’évolution de ces réceptifs, c’est l’une des missions confiées à la direction des activités touristiques par le biais de la sous-direction de l’encadrement et de l’assistance aux exploitants. Quels sont les avantages de l’application que vous avez mise en place dans le cadre de la promotion de la destination Côte d’Ivoire ? Peut-elle servir aux opérateurs nationaux et aux investisseurs ? Cette application facilite le travail et favorise principalement l’efficacité et l’équité des résultats d’évaluation. Ces résultats sont connus en temps réel et sont suivis par le responsable depuis son bureau de travail. Il a même la possibilité d’interpeller les agents quand il constate des anomalies. Avant cette application, il fallait compiler les données après l’évaluation, et les résultats n’étaient disponibles que six mois après. Maintenant, en plus du gain de temps, nous disposons des informations et de la situation exacte de chaque établissement selon les normes internationales pour permettre aux invités de notre pays de choisir leurs établissements selon leurs standings. Pour les opérateurs nationaux, cette visibilité normative constitue une source de motivation à demeurer dans la démarche qualité. Elle attire aussi davantage les investisseurs en Côte d’Ivoire. Comment se définit l’hôtellerie ultra luxe en Afrique et quelles actions sont menées en vue de positionner la Côte d’Ivoire sur ce marché ? La notion de luxe se définit comme ce qui est raffiné et somptueux. Ramené à l’hôtellerie, nous pouvons définir un hôtel ultra luxe comme un établissement offrant un service d’excellence avec un savoir-faire remarquable qui procure des rêves et de l’émotion. Ce service relève de tous les codes traditionnels de luxe, bien que cette notion soit subjective par essence. En Afrique, il s’agit d’édifices hôteliers classés 5 étoiles et offrant toutes les commodités des grands hôtels d’Europe, d’Asie et d’Amérique. Ces hôtels attirent généralement l’élite africaine, les hauts cadres de l’administration et le tourisme d’affaires. La Côte d’Ivoire demeure le pays-phare de la sous région ouest-africaine. Dans le secteur du tourisme, un ensemble de réformes a été entrepris par le ministère du Tourisme à travers la stratégie « Sublime Côte d’Ivoire », qui encourage l’implantation de grandes chaînes hôtelières internationales évoluant dans les catégories 4 à 5 étoiles telles que celles déjà implantées, à l’instar des groupes Accor, Radisson, Four Seasons, Mövenpick et bien d’autres. L’émergence de champions nationaux sur ce segment de luxe est également fortement encouragée par la stratégie « Sublime Côte d’Ivoire » afin de créer une émulation et une saine concurrence pour l’amélioration des standings. L’hôtellerie de luxe est-elle une niche sur le marché ivoirien ou plutôt une tendance lourde appelée à se développer ? La Côte d’Ivoire est la 3e destination africaine en tourisme d’affaires après l’Afrique du Sud et le Maroc. Les projections sur les cinq années à venir nous permettent d’affirmer que l’hôtellerie de luxe est plutôt une tendance lourde appelée à se développer. Les grandes chaînes hôtelières sont de plus en plus intéressées pour installer des filiales dans notre pays, qui demeure la plaque tournante de l’économie ouest-africaine. Le marché ivoirien a donc tout intérêt à étoffer l’offre d’hôtellerie de luxe pour accueillir toute sorte de clientèle lors des grands rassemblements et des rencontres d’affaires. C’est dans cette même dynamique que le FDT vient d’acquérir la marque KAMA, un label ivoirien qui permettra d’améliorer le niveau des prestations hôtelières. Pour l’exercice 2022, quelles sont les priorités du FDT ? Nous allons accroître les ressources du FDT afin de soutenir les acteurs du secteur, améliorer la qualité de service dans les établissements de tourisme par le renforcement des capacités des agents en techniques d’accueil, en langues étrangères et en service de restauration en vue de la CAN 2023, et enfin organiser les « Étoiles du Tourisme » afin de créer une émulation et de conduire les opérateurs du secteur à offrir un service de qualité.
Propos recueillis par Serge-Henri Malet