On connaît la Côte d’Ivoire en tant que premier producteur de cacao au monde, avec près de 2 millions de tonnes de fèves récoltées par an. Un or brun auquel le pays d’Alassane Ouattara doit 20 % de son PIB, 40 % de ses recettes d’exportation et les deux tiers de ses emplois. À partir de 2023, il faudra aussi s’habituer à connaître la Côte d’Ivoire en tant qu’important producteur d’or noir. Actuellement, ce pays produit près de 30 000 barils de pétrole par jour. Mais la découverte jugée majeure d’un gisement offshore dénommé « Baleine » faite en 2021 par la major italienne ENI recèle un potentiel estimé, selon des données post-forage, aux alentours de 1,5 à 2 milliards de barils, ce qui conduirait la Côte d’Ivoire à tripler sa production. À l’époque de cette découverte, le cours du baril de Brent s’élevait à 71 dollars, et la valeur brute du gisement se situait entre 106,5 et 142 milliards de dollars. Mais, du fait de l’impact du conflit Russie-Ukraine, elle a doublé depuis. Et la demande pourrait aussi connaître une pente ascendante. Cette trouvaille s’est accompagnée de celle d’un gisement de gaz associé au pétrole, estimé entre 1 800 et 2 400 milliards de pieds cubes (un pied cube = environ 28 litres), dont la valeur s’établissait alors à 25 milliards de dollars au prix du marché. Bien avisées sur les perspectives de ce secteur, les autorités ivoiriennes ont, sur la base d’un accord avec ENI en partenariat avec la société ivoirienne Petroci Holding, lancé via l’Institut national polytechnique Houphouët-Boigny de Yamoussoukro une série de formations sur les métiers du pétrole et du gaz à destination des cadres ivoiriens. Dans le même temps, on ne peut passer sous silence la réussite ivoirienne en matière d’électricité. Avec 2 229 mégawatts, ce pays est devenu en moins de dix ans un hub énergétique régional, qui exporte de l’électricité dans plus de la moitié des 15 pays de la CEDEAO. Sachant qu’en 2040, la population ivoirienne pourrait avoisiner les 50 millions d’habitants et la demande en énergie être six fois plus élevée qu’aujourd’hui, le développement des énergies propres comme le solaire pourrait représenter une alternative appropriée pour l’autosuffisance énergétique régionale. Comme on le voit, la Côte d’Ivoire fait le grand écart entre les énergies fossiles dont nous ne savons pas encore nous passer et les énergies renouvelables qui figurent incontestablement l’avenir. Justement, en matière d’avenir, une autre priorité des autorités est d’améliorer significativement le climat des affaires en renforçant les capacités des chefs d’entreprises grâce au Programme d’accélération de croissance des petites et moyennes entreprises (PAC-PME). On sait que quelque 6 500 PME constituent une part importante du tissu économique, et des études indiquent qu’elles représentent plus de 98 % du volume des entreprises formellement constituées, mais hélas pour une contribution au PIB comprise seulement entre 20 et 22 %. Le dispositif PAC-PME vise donc à renforcer les capacités managériales des dirigeants de PME et de leurs équipes, et à les soutenir dans leur stratégie de relance de l’appareil de production en ciblant les secteurs de l’économie à fort potentiel de création d’emplois. Selon Adama coulibaly, ministre de l’Économie et des Finances, avec un taux de croissance du PIB de 7,1 % attendu en 2022, contre un taux de 6,5 % réalisé en 2021, l’embellie économique est indéniable. Cependant, ce dernier sait que des incertitudes demeurent sur la sécurité du pays du fait de l’apparition de tensions aux frontières avec les pays sahéliens en proie aux terroristes que sont le Mali et le Burkina Faso. Si l’on postule que la stabilité politique dont jouit la Côte d’Ivoire est un atout pour les investisseurs, il s’agit avant tout de consolider la solidité intérieure. C’est dans ce sens que vont les décisions prises par le président Alassane Ouattara lors du remaniement gouvernemental du 22 avril dernier. En effet, le chef de l’État a reconduit à son poste le Premier ministre Patrick Achi. Il a aussi confié la vice-présidence à un proche, l’ancien gouverneur de la BCEAO Tiémoko Meyliet Koné, faisant de facto de ce dernier son dauphin constitutionnel en cas de vacance du pouvoir. Ou, qui sait, exprimant son choix pour la présidentielle de 2025. Ainsi, dans de nombreux domaines, les autorités de Côte d’Ivoire posent des jalons pour demain.