Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique

Au-delà de sa mission de maintien de la paix et de protection des civils, la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation en Centrafrique (MINUSCA) est aux côtés du gouvernement et des ONG pour soulager la peine des populations dans le cadre des opérations humanitaires.

Le docteur Pierre Somsé, ministre de la Santé et de la Population, ne tarit pas d’éloges au sujet de l’action humanitaire menée par la Mission des Nations unies en Centrafrique (MINUSCA) dans la lutte contre la propagation du Covid-19 : « La MINUSCA a fait énormément de choses. Les alertes concernant des personnels ont été gérées de façon concertée et la MINUSCA a systématiquement saisi le ministère de la Santé. Á cela s’ajoute l’appui matériel et technique, notamment dans les dispositifs en place à l’aéroport Bangui-Mpoko, pour mieux diagnostiquer les voyageurs. C’est une coopération exemplaire et décisive. » Il faut dire que dès l’apparition de la pandémie, la MINUSCA, qui fait partie de l’équipe de coordination, s’est déployée à travers des appuis matériels mais aussi techniques. Elle intervient de façon active dans les dispositifs mis en place par le gouvernement à l’aéroport de Bangui où elle a fourni des équipements indispensables : piles pour le fonctionnement des thermomètres, fiches  à remplir par les voyageurs débarquant, tentes pour renforcer la capacité d’accueil et la prise en charge des contingents qui arrivent… Pour le ministre Somsé,  « l’action que mène la MINUSCA contribue fortement à la protection de la santé publique dans le pays et à la santé internationale. L’action qui est menée ici a une portée mondiale autant que nationale, bien sûr, puisque les membres de la MINUSCA sont partout dans le pays. » Les Nations unies ont quant à elles réaffirmé leur engagement à poursuivre leur soutien au gouvernement dans cette lutte, et à mettre en oeuvre toutes les mesures préventives dans le pays. La représentante spéciale adjointe du secrétaire général des Nations unies Denise Brown salue pour sa part la qualité de la coopération avec la République centrafricaine : « Je veux souligner que nous avons une excellente collaboration avec le ministre de la Santé et son ministère, avec le directeur de l’OMS et son équipe, et que l’on essaie de voir où la MINUSCA peut appuyer les mesures de prévention et de traitement ainsi que les protocoles à l’aéroport. La République centrafricaine est un État membre des Nations unies, et elles y sont présentes avec un effectif extrêmement important qui est ici pour appuyer le gouvernement. » Denise Brown, qui est aussi coordonnatrice résidente du système des Nations unies, a également mis l’accent sur l’engagement et le soutien de la MINUSCA : « Nous avons appliqué les consignes du ministère de la Santé en déployant le personnel médical à l’aéroport Bangui-Mpoko pour contrôler les troupes et rendre compte au ministre ». Par ailleurs, Mme Brown a engagé tout le personnel des Nations unies à respecter scrupuleusement les consignes contenues dans les directives de l’OMS et du ministère de la Santé, dénonçant au passage la campagne de stigmatisation contre le personnel des Nations unies, y compris contre le staff national, et les ONG selon laquelle « ce sont les étrangers qui véhiculent le coronavirus dans le pays ». Ce déploiement de la MINUSCA sur le front humanitaire n’est d’ailleurs pas nouveau. Denise Brown se rend régulièrement sur le terrain soit pour coordonner les interventions directes, soit pour apporter l’appui de la mission aux organisations humanitaires qui oeuvrent au quotidien pour soulager la peine des populations meurtries par les conséquences de la crise. La représentante spéciale, adjointe du secrétaire général des Nations unies, s’est par exemple rendue le 21 mai 2020 à Ndélé, au nord de la RCA, accompagnée des représentants du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), de l’Unicef et de responsables d’ONG travaillant dans la préfecture. Une visite consécutive à l’attaque du 29 avril 2020 ayant occasionné des pertes en vies humaines et forcé les populations à chercher protection soit autour de la base de la MINUSCA, soit sur les sites aménagés par l’OIM. Denise Brown a également déploré les attaques ciblées contre les ONG et les humanitaires, car elles rendent difficiles l’assistance aux populations déplacées qui sont dans un besoin urgent. Elle a également pris la mesure des conditions de vie précaires et dégradantes des populations déplacées avant de conclure qu’une assistance humanitaire urgente s’avérait nécessaire en faveur de ces habitants traumatisés. Il faut dire que cette forte implication de la MINUSCA dans les opérations humanitaires découle de son mandat. En effet, selon la résolution qui fixe ses compétences, elle doit « resserrer la collaboration avec tous les acteurs humanitaires, y compris les organismes des Nations unies, et aider à la mise en place des conditions de sécurité favorables à l’acheminement immédiat, complet, en toute sécurité et sans entrave, sous la direction de civils, de l’aide humanitaire, conformément aux dispositions applicables du droit international et aux principes humanitaires, et au retour volontaire et durable, en toute sécurité et dans la dignité, des  déplacés et des réfugiés, à leur intégration sur place ou à leur réinstallation, en étroite coopération avec les
acteurs humanitaires, tout en contribuant à atténuer  les conséquences de la pandémie de Covid-19, comme demandé dans la résolution 2532 (2020) ». Autant dire que la MINUSCA dispose de compétences assez larges pour secourir les populations en détresse. C’est d’ailleurs pour cette raison que la représentante spéciale adjointe est aussi la coordinatrice humanitaire, une fonction cohérente avec son parcours car avant son nomination en 2019 par le secrétaire général, elle était depuis 2017 en poste à Rome, au siège du Programme alimentaire mondial (PAM), où elle a d’abord été directrice de la Division de la préparation et du soutien en cas de crise puis, à partir de 2018, directrice des politiques et programmes. Entre 2013 et 2016, elle est en poste à Dakar, au Sénégal, comme directrice du PAM pour l’Afrique de l’Ouest et centrale chargée de couvrir 20 pays. Elle a fait l’essentiel de sa carrière sur le terrain, avec le PAM, ayant travaillé dans de nombreuses situations de crise ou de postcrise à travers le monde. C’est donc une humanitaire dans l’âme. Selon elle, « les ONG humanitaires ont une présence très importante en RCA. Chaque mois, un million de personnes sont soutenues à travers le service de la santé, les distributions de vivres, l’approvisionnement en eau, l’éducation, les abris pour les populations déplacées. Vous avez besoin de garder ces personnes chez vous. Les ONG ont un rôle extrêmement important à jouer. La République centrafricaine est un État membre des Nations unies, qui vont rester dans le pays, respecter les consignes, et continuer à soutenir le gouvernement et le ministère de la Santé. On ne va pas partir. »

Christian Kouamen

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