Mouvement de libération du peuple – Élection présidentielle L’étoffe d’un conquérant

Il est des personnalités habitées par une fougue mâtinée de persévérance qui les pousse à défendre sans relâche, en dépit des obstacles, leurs convictions. Martin Ziguélé, à n’en pas douter, en fait partie.

Mars 2005, janvier 2011, décembre 2015… Oui, Martin Ziguélé, dont la candidature à la présidentielle de 2020 a été validée par la Cour constitutionnelle, garde à sa quatrième tentative bon espoir de remporter l’élection. Mais qu’est-ce qui anime ce consultant international en assurances né en 1957 à Paoua, au nord-ouest de la Centrafrique, et qui fut Premier ministre entre avril 2001 et mars 2003 ? Après des études secondaires au séminaire de Bossangoa, il intègre en 1978, dès l’obtention de son diplôme d’études supérieures d’assurances (DESA) à l’Institut international des assurances de Yaoundé, au Cameroun, la société nationale centrafricaine d’assurances SIRIRI, tout en préparant à l’université de Bangui une licence de lettres anglaises qu’il décrochera en 1982. En 1988, il réussit le concours de la CICA-RE – Compagnie commune des réassureurs des États membres de la Conférence interafricaine des marchés d’assurance (CIMA) – et exerce durant une dizaine d’années comme souscripteur puis chef de division des réassurances vie et, pour l’Europe, l’Asie et le Moyen-Orient, des réassurances IARD. En juillet 2000, il devient directeur national pour la Centrafrique de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) à Bangui. En avril 2001, il est nommé Premier ministre par le président Ange-Félix Patassé et forme un « gouvernement d’action et de combat » (GAC) qui représente toutes les origines géographiques de la nation ainsi que toutes ses sensibilités politiques : MLPC – parti du président Patassé et de Martin Ziguélé –, Parti libéral démocrate (PLD), Parti africain de développement (PAD), Convention nationale (CN), Union démocratique pour le renouveau-Fini Kodro (UD/FK)… Une action entravée Un intitulé choc, donc, pour un chantier qui s’annonce ardu. D’abord, les fonctionnaires centrafricains, qui cumulent parfois jusqu’à 30 mois d’arriérés de salaire, observent depuis un petit mois une trêve à leur mouvement de grève débuté en novembre 2000, mais sont prêts à le reprendre s’ils ne reçoivent pas leurs émoluments de février et mars 2000. Ensuite, voilà que survient dès mai 2001 la tentative de coup d’État du général André Kolingba. Après un remaniement, ce sera, en octobre 2002, celle du général François Bozizé. Un nouveau remaniement intervient en janvier 2003, mais
le 15 mars, le général Bozizé et ses mercenaires tchadiens renversent le président Patassé. Martin Ziguélé part en exil en France. Comment mettre en oeuvre une action suivie dans un tel climat ? Pourtant, la lutte des gouvernements Ziguélé contre la corruption et les détournements de deniers publics fonctionne : arrestation et jugement d’Éric Sorongopé Zoumandji, ministre des Finances, de Patrice Ngaïssona, fonctionnaire aux Eaux et Forêts, et d’autres : douaniers, agents des finances, membres de l’ethnie du Premier ministre et ressortissants de sa région. Résultats ? Le paiement de 22 mois de salaires sans aucune aide financière extérieure ou publique, la signature d’un accord intérimaire de six mois avec le FMI et l’engagement des institutions financières internationales à décaisser des fonds pour pallier les lourds contrecoups économiques et les troubles armés générés par les coups d’État manqués de 2001 et 2002. L’on comprend mieux, au regard des multiples entraves qui ont empêché ce redresseur de torts de mener son « opération mains propres », pourquoi il persévère à vouloir montrer ce qu’il est capable de faire. Et si le moteur de Martin Ziguélé était de ne pas rester sur un goût d’inachevé ?

Andju Ani

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