Politique agricole: Vers un renforcement du Cameroun comme puissance sous-régionale

Politique agricole: Vers un renforcement du Cameroun comme puissance sous-régionale

Si la politique agricole de seconde génération lancée il y a onze ans par le président Paul Biya n’a pas
révolutionné le secteur, au moins a-t-elle renforcé la puissance régionale du Cameroun.

La politique agricole camerounaise se décline sur un axe majeur que le président Paul Biya nomme « agriculture de seconde génération ». Lors d’un discours inaugural prononcé au Comice agro-pastoral national le 17 janvier 2011 à Ebolowa, au sud du pays, il encourageait la modernisation de l’agriculture, de l’élevage et de la pisciculture en vue d’accroître la productivité des petites exploitations et de favoriser l’émergence de nouvelles unités de production définies comme entreprises agricoles de moyenne et grande tailles : « L’agriculture est la véritable richesse du Cameroun, dont il faut consolider la position de grenier de l’Afrique centrale. » Cette politique agricole que le président camerounais appelle de ses voeux est fondée sur quatre principaux piliers. Tout d’abord, la création d’écoles d’agriculture. Ensuite, l’intensification de la recherche afin d’isoler les semences à haut rendement et à cycle court. En troisième lieu, le désenclavement des bassins agricoles pour que les paysans puissent évacuer leurs productions vers les lieux de consommation. Enfin, la mécanisation, qui permet à la fois de cultiver, de récolter, de conserver, de transformer et de vendre. Onze ans après le lancement de cette politique agricole de seconde génération, le bilan en est tiré par Gabriel Mbairobe, ministre de l’Agriculture et du  Développement rural, dans une tribune du journal de son propre département : « Bien que cette politique agricole n’ait pas atteint sa vitesse de croisière, elle est bien en marche, et ceci grâce aux différentes stratégies déployées et aux réformes opérées par le ministère dont j’ai la charge, et dont la mission principale est de renforcer le Cameroun dans son rôle de puissance agricole sous-régionale. Le secteur rural est le moteur de l’économie nationale : il assure la sécurité alimentaire des populations dans un souci de développement durable, respectueux de l’environnement. » En effet, dans une économie camerounaise dominée par le secteur primaire, l’agriculture, l’élevage et la pêche occupent plus de 70 % de la population active et représentent 30 % du PIB. En outre, le pays dispose de nombreux atouts dans ces trois secteurs aussi traditionnels que modernes, car son potentiel agricole est énorme et incontestable dans la sous-région. L’un des atouts naturels du Cameroun est de disposer de 7,2 millions d’ha de terres arables, dont seulement 1,8 million est jusqu’alors exploité. Par ailleurs, sa large palette climatique allant du climat équatorial pluvieux près de l’océan Atlantique au climat tropical sahélien proche du lac Tchad favorise une agriculture diversifiée. Enfin, ses sols variés, qu’ils soient argileux, volcaniques ou aérés, se prêtent à des productions de tout type, sachant que de surcroît le pays possède un réseau hydrographique très dense adapté à l’agriculture irriguée. S’agissant des principales productions vivrières, les données de la Banque mondiale répertorient la banane plantain avec 2 millions de tonnes, le manioc avec 3 millions de tonnes, le maïs avec 1 million de tonnes, le macabo/ taro avec 1,3 million de tonnes, l’igname, le mil/sorgho et la pomme de terre. La production de fruits tels que l’ananas, le melon, la mangue, la mandarine, le pamplemousse et l’avocat, et celle de légumes tels que le haricot sec, le haricot vert, l’oignon, la tomate et l’ail connaissent un développement rapide car elles sont stimulées par l’exportation vers les pays voisins, très demandeurs. D’autres cultures renforcent également la puissance agricole du Cameroun. C’est le cas du coton, un secteur où la société Sodecoton, détenue à 60 % par l’État, jouit du monopole. Pour ce qui est de la filière café-cacao, dominée par les trois multinationales que sont Cargill, Barry Callebaut et Archer Daniels Midland, elle a connu sa première transformation de cacao, assurée par Sic Cacaos et Chococam, et ce sur un quart de la production.

Paul de Manfred

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