Le chef de l’État a pris l’option résolue d’impulser plus de vitalité et de transparence dans ce secteur vital de l’économie centrafricaine.

Pays enclavé au nord de la République démocratique du Congo et réputé pour sa « scandaleuse » richesse minière, la République centrafricaine couvre un vaste territoire riche en ressources minérales : or, cuivre, manganèse, nickel, chrome, terres rares (colombo tantalite, monazite…), graphite, cassitérite, sel gemme, diamant, fer, quartz, hydrocarbures (pétrole et gaz naturel), granit, pegmatites, phosphates, latérites, argiles, kaolinites… Depuis la période coloniale, les recherches ont prouvé l’existence d’environ 34 substances réparties sur près de 510 indices minéraux. Selon les autorités, certaines potentialités restent encore à l’état d’indice métallo-génique ou minéralogique et nécessitent des travaux de recherche approfondis. Á ce jour, le secteur des industries extractives de RCA se concentre principalement sur l’exploitation de l’or et des diamants. Ces diamants, classés parmi les meilleurs du monde, font d’elle le cinquième pays mondial en la matière. Avant la crise, leur extraction représentait environ 40 % des exportations, occupant une main d’oeuvre de près de 400 000 personnes. Mais plusieurs sites riches en pétrole ayant été découverts, le gouvernement a pris accord avec des firmes pétrolières pour relancer les recherches. Selon Léopold Mboli-Fatran, ministre des Mines et de la Géologie, « la RCA n’est pas un pays producteur de pétrole, mais elle compte trois blocs qui ont été alloués par l’État à des entreprises privées : elles ont terminé la première phase de recherche et ont l’intention de commencer les forages d’exploration dans les années à venir ». En somme, la République centrafricaine dispose d’importantes ressources minérales pouvant contribuer à l’amélioration des conditions de vie de sa population. Selon Léopold Mboli-Fatran, « en cette période de relance de l’économie, le diamant et les autres minerais dont regorge le sous-sol de notre pays constituent une ressource indispensable pour favoriser la sortie de crise et soutenir cette reprise économique.  Je saisis l’opportunité du Forum des investisseurs (1) ici à Bangui pour m’adresser à tous les opérateurs du secteur minier, d’où qu’ils viennent, et pour lancer un appel à plus d’investissements dans  les minerais centrafricains. » Actuellement, la production est essentiellement artisanale et peu mécanisée,  une situation que tient à corriger le chef de l’État. Mais l’obstacle majeur reste le financement : « Arriver à une production rentable suppose de passer par de multiples phases. Le coût de la recherche géologique sur l’ensemble des zones minières s’élève à environ 300 millions de dollars, ce que ne peut pas se permettre actuellement un pays », analyse un expert. Depuis l’accession au pouvoir du président de la République Faustin-Archange Touadéra, le gouvernement a mis un accent particulier sur le développement d’un secteur minier propre à booster l’économie nationale et à répondre aux besoins croissants de la population. Il a ainsi procédé à l’assainissement du secteur, avec notamment le nettoyage des fichiers des artisans miniers, coopératives, collecteurs, bureaux d’achat, cadastre, à la promotion des investisseurs sérieux, et enfin à l’industrialisation. Afin d’obtenir la levée de la suspension de la RCA du processus de Kimberley (2), des mesures spéciales de validation des zones vertes, de contrôle de la traçabilité et de suivi de la production ont été mises en place. Le gouvernement a donc pu rouvrir le commerce légal de diamants bruts dans les zones du pays jugées conformes, et oeuvre à étendre cette traçabilité à d’autres zones. Toujours désireux de transparence, le gouvernement a annoncé l’année dernière la délivrance de 116 permis miniers concernant certes le diamant et l’or, mais aussi d’autres substances minérales. En plus de mener une lutte sans merci contre la contrebande minière, le président Touadéra a engagé  des discussions avec ses pairs de la sous-région en vue d’élaborer un mécanisme régional de certification de certaines ressources : or, cassitérite, etc. Le Code minier est également en cours de révision pour renforcer à la fois l’attractivité et la transparence. En matière de promotion du secteur extractif, le gouvernement a organisé en février 2020 le premier Salon international des mines, des carrières et du pétrole (SEMICA), rassemblant plus de 1 000 participants venus d’horizons divers. Selon le chef de l’État, ce salon visait à donner un nouvel élan au secteur minier centrafricain en révélant les potentialités géologiques du pays et les opportunités qu’offre le cadre juridique à l’attraction d’investissements directs étrangers. Pour moderniser le secteur, en améliorer l’attractivité, la compétitivité et la gouvernance, le gouvernement multiplie les initiatives, conformément à la feuille de route tracée par le président Touadéra. Ainsi, dès le mois d’août 2016 à Bangui, une réunion des ministres en charge des Mines des pays producteurs de diamants bruts en Afrique centrale a été organisée dans l’objectif de jeter les bases d’une plate-forme commune de lutte contre la fraude et la contrebande transfrontalières. Citons également l’accord de l’Assemblée nationale autorisant le ministre en charge des Mines à signer la convention
de développement minier avec les sociétés minières afin d’être réactif dans le traitement des dossiers des partenaires du secteur. Les autorités ont aussi obtenu l’assistance technique du gouvernement américain sur le financement USAID à travers le projet Droit de propriété et développement du diamant artisanal (DPDDA II) destiné à soutenir le rétablissement de la chaîne  légale de diamants bruts sans conflit et en conformité avec le cadre opérationnel du Processus de Kimberley. Dans cet élan de transparence, signalons l’audit de 82 700 carats de diamants constitués après la suspension de la République centrafricaine. Enfin, plusieurs protocoles d’accord de coopération dans le domaine des mines, de la géologie et du pétrole ont été signés avec des pays plus expérimentés comme l’Afrique du Sud, la Belgique ou la Chine.

Christian Kouamen

(1) Le gouvernement centrafricain, déterminé à impulser une dynamique de relèvement de l’économie, a organisé un forum des investisseurs les 7 et 8 novembre 2017 à Bangui. Parmi les participants, des sociétés minières, de nombreux constructeurs et des spécialistes en infrastructures. (2) Le Processus de Kimberley (PK) rassemble les administrations, les sociétés civiles et les industriels dans le but de réduire partout dans le monde l’existence des « diamants de conflits », des diamants bruts utilisés pour financer les guerres livrées par des rebelles visant à  déstabiliser les gouvernements.

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