Pétrole & Gaz - Le gisement Baleine produira son premier baril courant 2023

Depuis la découverte d’un second gisement pétrolier et gazier en juillet 2022, le potentiel offshore ivoirien atteint désormais 2,5 milliards de barils de pétrole brut et 3 300 milliards de pieds cubes de gaz. En vue de rentabiliser son investissement, l’État ivoirien a négocié un contrat de partage de production avec la major italienne ENI. 

En septembre 2021, dans le bassin sédimentaire de la Côte d’Ivoire, une découverte majeure de pétrole a été faite par la major italienne ENI, en consortium avec son partenaire ivoirien Petroci Holding. Les réserves de ce gisement baptisé Baleine étaient estimées à 2 milliards de barils de pétrole brut et 2 400 milliards de pieds cubes de gaz naturel. Cependant, depuis juillet 2022, dans un bloc adjacent au premier, un second gisement d’or noir et de gaz a été découvert au large de la côte Est, permettant à la Côte d’Ivoire d’espérer accroître d’environ 25 % les réserves initialement annoncées, comme le relève un communiqué signé du ministère des Mines, du Pétrole et de l’Énergie. Ainsi, le potentiel offshore ivoirien passe dorénavant à 2,5 milliards de barils de pétrole brut et 3 300 milliards de pieds cubes de gaz naturel. 

Jusqu’à présent, avec près de 25 000 barils par jour en 2022, la Côte d’Ivoire était un producteur moyen d'hydrocarbures. Grâce à ces 2 découvertes, tout devrait changer. À en croire le président Ouattara, son pays serait en passe de devenir « un producteur important de pétrole », le chef de l'État affirmant que cette découverte allait permettre « d'augmenter significativement la production ivoirienne de pétrole, de fournir une quantité suffisante de gaz au secteur de l'électricité et d'augmenter les ressources pour le financement des projets de développement ». En effet la Côte d'Ivoire, premier exportateur mondial de cacao et d’anacarde, est en outre exportateur régional d'électricité. Elle mise donc sur la découverte du gisement Baleine pour être en mesure de satisfaire la demande énergétique nationale et sous-régionale.

 

D’ici à 2026, la major italienne aura investi 11 milliards de dollars dans le gisement Baleine.

 

Selon les prévisions, le gisement Baleine produira ses premiers barils au deuxième trimestre 2023. Dans un premier temps, elle se limitera à une production modeste issue de trois puits qui fourniront en moyenne 12 000 barils/jours et 17,5 millions de pieds cube de gaz naturel. Ensuite, le consortium constitué d’ENI et de l’Ivoirien Petroci prévoit un développement complet du gisement pour 2026, avec une production moyenne de 75 000 à 100 000 barils/jours de brut. D’ici là, ENI aura investi 11 milliards de dollars dans ce gisement, l’équivalent d’un peu plus de la moitié du budget annuel du pays.

Néanmoins, une question se pose chez les Ivoiriens : sous quelles conditions le gouvernement a-t-il négocié les parts de royalties qui vont revenir au Trésor ? « L'État ivoirien, à travers sa holding Petroci, détient pour le moment 17 % du gisement », a indiqué le porte-parole du gouvernement Amadou Coulibaly. Une information complétée le 16 décembre 2021 par Thomas Camara, ministre du Pétrole de l’époque :  « Une fois les coûts amortis par ENI, la major et l’État ivoirien se partageront les bénéfices nets à hauteur de 52 % pour la Côte d’Ivoire et 48 % pour ENI. »

Enfin, sachez qu’une unité flottante de production, de stockage et de déchargement d’hydrocarbures (FPSO) a quitté Dubaï le jeudi 6 avril 2023 à destination de la Côte d’Ivoire en vue de la mise en production effective de la première phase du gisement Baleine. Le départ de ce navire FPSO a été symboliquement marqué par son baptême, assuré par l’actuel ministre ivoirien des Mines, du Pétrole et de l’Énergie Mamadou Sangafowa Coulibaly. Car la Côte d’Ivoire, à l’instar des autres pays pétroliers, s’est dotée en janvier 2022 d’un bâtiment pétrolier de type FPSO dont la remise en état – mise à niveau et remplacement des équipements et modules – a été confiée à Drydocks World, l’un des plus grands opérateurs de terminaux à conteneurs et de construction navale dans le monde, basé au Moyen Orient. Avant de procéder, au nom du chef de l’État, à la bénédiction de ce navire également baptisé Baleine, le ministre a exhorté les majors pétrolières à venir explorer le bassin sédimentaire ivoirien car, a-t-il dit, « il y a de nombreuses autres Baleines » à découvrir dans son pays.

 

Louise Bibalou-Durand