Entretien - Président de la Chambre de commerce et de l'industrie de Côte d'Ivoire « Nos actions en faveur des entreprises produisent des résultats probants »

Un simple aperçu du bilan 2016-2022 de l’équipe dirigée par Faman Touré, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte d’Ivoire (CCI-CI), suffit à prouver que cette institution se fait de plus en plus visible dans l’écosystème des entreprises, et cela aussi bien en Côte d’Ivoire que dans la sous-région. 

Eu égard à l’excellence du bilan de la mandature 2016-2022 au service de la communauté des entreprises, quelles sont les attentes de la CCI-CI envers l’État pour renforcer un secteur privé dont on sait qu’il joue un rôle majeur dans le PND 2021-2025 ? 

 

Faman Touré : Le monde est marqué par des perturbations de plus en plus fréquentes qui influencent négativement l’activité économique. Face à cette situation, il convient de maintenir le cap relativement à ce que le gouvernement fait déjà si bien :  le renforcement du cadre de concertation État-secteur privé, la poursuite du développement des infrastructures économiques en visant le niveau des pays intermédiaires comme ceux de l’Afrique du Nord, et enfin l’amélioration continue du climat des affaires grâce à la sécurité, à la justice et à l’efficacité de l’administration dans la délivrance des actes. 

 

Le 12 décembre 2022 à Washington, le Premier ministre Patrick Achi s’est exprimé à l’occasion du USA-Côte d’Ivoire Business Forum organisé en marge du sommet Afrique/États-Unis 2022, invitant les entrepreneurs américains à venir investir en Côte d’Ivoire. Pensez-vous que cet appel pourrait être entendu ? Quels sont les atouts et opportunités ivoiriens pouvant séduire les investisseurs américains ? 

L’appel du Premier ministre a été entendu. Nous travaillons déjà avec les investisseurs américains grâce au consul général de Côte d’Ivoire à New York, qui nous a permis de participer de part et d’autre à des forums. D’ailleurs, après le USA-Côte d’Ivoire Business Forum, une délégation ivoirienne a séjourné à Houston pour poursuivre les contacts noués. La Côte d’Ivoire regorge d’énormes atouts pour attirer les investissements. Il s’agit, entre autres, de la qualité de son climat des affaires, de l’abondance des matières premières et de la rigueur du gouvernement en matière de gestion macro-économique.

 

La CCI-CI est au cœur de l’écosystème économique de la Côte d’Ivoire grâce aux activités majeures mises en œuvre dans le cadre de ses missions. Pouvez-vous nous les rappeler ? Quel est le bilan de la formation continue assurée par la CCI-CI et peut-on avoir un aperçu du nombre de conventions de partenariat qui ont été signées ?

 

Nos actions d’appui aux entreprises comprennent deux grandes phases. La première est le renforcement des capacités opérationnelles et compétitives des entreprises grâce à leur structuration et à la formation continue, à l’information et à la sensibilisation de leurs dirigeants. Cette action les rend capables de profiter des opportunités qui s’offrent à elles. La seconde phase consiste pour la CCI-CI à associer ces entreprises à des événements comme des foires, des salons, des rencontres d’affaires et des B to B qui peuvent leur offrir des opportunités d’affaires. 

S’agissant du bilan, il faut noter que 217 sessions de formation ont été organisées au profit de 1 627 participants, et que pas moins de 177 accords de coopération ont été signés. La CCI-CI a participé à 56 foires et salons nationaux et internationaux avec 3 731 entreprises, et nous avons accueilli 131 délégations étrangères de haut niveau. 

 

« La Côte d’Ivoire regorge d’énormes atouts pour attirer les investissements. »

 

La CCI-CI compte 370 salariés et représente tous les secteurs d’activité relevant du privé. Durant votre mandature, quelles ont été les avancées en termes de défense des entreprises et de quelles améliorations perceptibles a pu bénéficier le climat des affaires ?

 

La CCI-CI couvre en effet les trois secteurs d’activités que sont le commerce, l’industrie et les services, à l’exclusion de l’agriculture, qui possède sa propre chambre consulaire. Nous avons choisi une méthode de défense des intérêts des entreprises caractérisée par des contre-propositions, des interpellations et des plaidoyers. Nos actions, soutenues par des dossiers bien instruits dont la qualité a bien souvent convaincu les autorités gouvernementales auprès de qui nous revendiquons, produisent des résultats probants. La CCI-CI est sollicitée pour l’élaboration des plans et programmes de développement ainsi que pour la prise de décision en cas de crise comme la pandémie de Covid-19. 

La transformation du secteur privé en moteur de la croissance, la création de fonds de soutien aux PME, le développement des zones industrielles, la mise en place d’une commission de réforme fiscale et l’actualisation du code des investissements sont, notamment, des propositions que nous avons fortement soutenues aux côtés d’autres organisations du secteur privé. Á cela s’ajoute la création du tribunal de commerce avec sa Cour d’appel, et il s’agit là d’une idée de la CCI-CI qui, à une certaine période, a été amenée à assumer ses charges de fonctionnement. 

 

Durant cette même mandature, quelle a été votre plus grande satisfaction concernant le soutien au secteur privé ivoirien ? 

 

Á mon arrivée à la tête de la CCI-CI, l’institution souffrait d’une insuffisance de reconnaissance de la part des autorités nationales et internationales, qui la plaçaient bien souvent au même niveau que les associations. Sa situation financière n’était pas assez stable, et même quasiment inconfortable auprès de l’administration fiscale. Aujourd’hui, la situation s’est nettement améliorée du point de vue de la notoriété auprès des entreprises et du point de vue financier, même si nous n’avons pas encore atteint le niveau souhaité. La CCI-CI est de plus en plus visible dans l’écosystème des entreprises, aussi bien en Côte d’Ivoire que dans la sous-région, où nous avons assumé des responsabilités au sein des faîtières des Chambres de commerce et d’industrie de l’UEMOA et de la CEDEAO. 

 

Le 16 mars 2023 s’est tenue la cérémonie d’installation de la Commission de contrôle, qui marque le top départ du processus de renouvellement des organes de la CCI-CI. Quels sont les points forts du bilan de votre gouvernance ?  

 

Après notre élection, nous avons organisé un séminaire avec l’ensemble des partenaires de la CCI-CI pour définir un plan stratégique qui nous a guidé tout le long des 6 ans de mandat. L’objectif était de faire de la CCI-CI une institution au service des entreprises tout en répondant aux sollicitations des autorités gouvernementales. Cet objectif a été largement atteint car les services à l’attention des entreprises ont été étoffés et diversifiés grâce à des partenariats nationaux et internationaux qui ont relevé le niveau de nos prestations. La qualité de nos prestations nous a d’ailleurs valu la certification de deux de nos services, l’École pratique de la CCI-CI et l’activité de pesage. Je note également que la solidité de l’organisation interne a permis de traverser avec sérénité les crises comme celle du Covid-19. Nous recevons régulièrement les félicitations du gouvernement pour la qualité de gestion des services concédés, à l’image de la certification de poids et du Programme de normalisation et sécurisation des factures (PNSF), ainsi que pour notre contribution à l’instauration d’un climat des affaires propice à la croissance économique.

 

Propos recueillis par Louise Bibalou-Durand