Électricité - Biomasse : des déchets qui valent de l’or

Parmi les procédés écologiques retenus pour la production d’électricité figure la biomasse, une technologie d’avenir qui valorise les déchets végétaux. Les autorités de Côte d’Ivoire ont décidé d’en doter le pays dans le cadre du Plan d’action national des énergies renouvelables (PANER) 2016-2030.

Désormais, eu égard au dérèglement climatique provoqué par les activités humaines, le concept de développement s’accompagne nécessairement de celui de durabilité. L’électricité, par exemple, semble être une bonne alternative aux énergies fossiles génératrices de ce CO2 dont il s’agit de réduire drastiquement les émissions. Encore faut-il qu’elle soit produite de façon adéquate. Et pourquoi pas par la « biomasse », cette exploitation de déchets végétaux ? Dans le cadre de son Plan d’action national des énergies renouvelables (PANER) 2016-2030 qui porte l’ambition d’atteindre 42 % du mix énergétique issus d’énergies renouvelables à l’horizon 2030, la Côte d’Ivoire envisage de produire 748 MW d’électricité grâce à une quinzaine de centrales thermiques à biomasse actuellement en cours de réalisation.

La première d’entre elles, d’une capacité de 46 MW, se situe au sud-est de la Côte d’Ivoire, à 110 km à l’est d’Abidjan, dans la commune d’Ayébo, à 5 km de la commune d’Aboisso. Ainsi, le 15 février 2023, à l’issue de Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement Amadou Coulibaly annonçait : « Le Conseil a adopté un décret portant approbation de l’avenant numéro un à la convention Biovea pour la construction d’une centrale thermique à biomasse d’une puissance installée de 2 x 23 mégawatts à Ayébo, dans le département d’Aboisso. » Ce projet, porté par Biovea Energie, a pour objet la conception, la construction et l’exploitation pendant 25 ans d’une centrale thermique à biomasse qui produira de l’électricité vendue à l’État de Côte d’Ivoire. À la fin de la période de concession, la centrale deviendra la propriété de l’État de Côte d’Ivoire.

Cette installation, la plus grande centrale électrique d’Afrique de l’Ouest alimentée à partir de déchets agricoles, utilisera près de 520 000 tonnes de résidus de palmiers à huile par an. Son exploitation créera jusqu’à l’équivalent 1000 emplois temps plein locaux. Elle fonctionnera grâce à des feuilles de palmiers issues de la culture locale et récupérées auprès de 12 000 agriculteurs qui verront leurs revenus annuels augmenter jusqu’à 20 % et bénéficieront des cendres de combustion pour enrichir les sols. Sur toute la durée de la concession, elle permettra à la Côte d’Ivoire de réduire ses émissions de CO2 de 4,5 millions de tonnes.

 

Ayébo sera la plus grande centrale électrique d’Afrique de l’Ouest alimentée à partir de déchets agricoles.

 

Le projet se chiffre à 232 millions d’euros et bénéficie à 77 % du soutien financier de Proparco et Emerging Africa Infrastructure Fund (EAIF), les 23 % restants étant fournis par Biovea Energie. La production totale annuelle initiale de cette infrastructure mise en service en 2024 sera de 337 gigawatts/heure. La centrale fournira 1,7 million de personnes. Le projet prévoit aussi la réalisation d’un poste de 90 sur 33 kilovoltampères (kVA) à proximité du site, ainsi que des liaisons de haute tension de 90 kVA entre les groupes de production de la centrale et le réseau existant. 

Le PANER comporte d’autres projets similaires : 160 MW à Abidjan, 80 MW à Gagnoa, 80 MW à Yamoussoukro, 60 MW à San-Pedro et 25 MW à Boundiali. Cet ensemble d’unités de production d’électricité sera progressivement complété par les centrales thermiques valorisant les résidus de cacao, caoutchouc et coton : Dabou pour 10 MW, Divo pour 10 MW, Grabo pour 20 MW et Yakro pour 80 MW. L’ensemble portera à 491 MW la production électrique issue de la biomasse. Le Programme Power Africa (PATRP) de l’USAID prévoit aussi des projets de biomasse comme l’augmentation de capacité de la centrale de Divo à 70 MW et l’édification d’unités de production à Duékoué, Dalhoa, Bouaflé, Abengourou, Soubré et Agboville, le tout portant la capacité de l’ensemble à 748,5 MW. Enfin, l’Agence néerlandaise de soutien aux entreprises estime à environ 12 millions de tonnes par an la ressource de biomasse exploitant les résidus de noix de cajou, manioc, cacao, huile de palme et caoutchouc. Des déchets qui valent de l’or.

 

Andju Ani