Entretien – Directeur général de la Banque nationale d’investissement - BNI : après l’excellence, la performance

Après avoir atteint l’excellence sous la gouvernance de Youssouf Fadiga, son directeur général, la BNI vise désormais la performance à l’horizon 2026. L’un des critères de réalisation de cet objectif est d’intégrer le top 3 des banques de Côte d’Ivoire.

Quels sont les objectifs contenus dans le nouveau plan stratégique 2022-2026 de la BNI ?

 

Youssouf Fadiga : Le nouveau plan stratégique 2022-2026, dénommé « Performance 2026 », prévoit de renforcer le processus de mobilisation des ressources internes et externes ainsi que d’améliorer l’efficacité et l’efficience organisationnelles de la banque. Il vise aussi à renforcer le positionnement et la visibilité de notre institution en la hissant dans le top 3 des banques de Côte d’Ivoire et en devenant un groupe financier sous-régional bâti autour de la banque commerciale et d’investissement ainsi que de la gestion d’actifs.

 

Quelle stratégie avez-vous déployée pour qu’en deux ans, la BNI ait gagné deux places pour le résultat net et le PNB et qu’en 2022, elle ait été classée 5e dans le top 10 des banques du pays ?

 

En 2017, sous l’impulsion du conseil d’administration, nous avons pris le pari d’atteindre l’excellence en 5 ans avec un vaste plan stratégique qui englobait 6 priorités majeures. Ce plan s’est clos sur un bilan très positif : hausse de notre total bilan, passé de 545 milliards en 2017 à 1 597 milliards au 31 décembre 2022, et augmentation de 700 milliards des dépôts de la clientèle, passés de 500 milliards en 2017 à 1 347 milliards au 31 décembre 2022. Ces chiffres encourageants découlent d’initiatives visant à accroître notre proximité avec la clientèle pour conquérir la confiance de nouveaux clients et renforcer nos relations avec nos clients particuliers, entreprises, grandes entreprises et PME : déploiement de notre politique qualité, digitalisation de nos process, maillage du territoire par l’extension de notre réseau de GAB et d’agences, création de produits innovants et adaptés à l’air du temps... 

Après cinq années de dur labeur ponctuées d’inévitables péripéties, nous avons atteint l’excellence parce que nous avons su changer de paradigme. Maintenant qu'elle est admise comme valeur clé de la BNI, nous n’allons pas nous reposer sur nos lauriers. Sous la houlette de notre conseil d’administration et grâce à l’engagement de tous nos collaborateurs, nous continuons de labourer le champ en vue de « la performance », notre nouvel objectif à atteindre à l’horizon 2026.

 

La Côte d’Ivoire compte désormais 5 banques publiques avec le rachat de la BICICI auquel a contribué la BNI. Pourquoi avoir fait partie du consortium ayant réalisé cette acquisition ? 

 

Ce consortium a été créé sur la demande des plus hautes autorités en la personne du ministre de l’Économie et des Finances après des analyses préliminaires ayant confirmé le caractère stratégique de cette acquisition pour l’État de Côte d’Ivoire. Eu égard à la taille de cette transaction, le ministre a souhaité que des investisseurs institutionnels nationaux de premier plan étudient cette opportunité d’investissement, et c’est ainsi qu’est né ce ce consortium comprenant la BNI, l’IPS-CNPS, l’IPS-CGRAE et la CDC-CI. 

Pour la BNI, la participation à ce consortium a été autorisée par son conseil d’administration. L’intérêt pour elle est de contribuer à doter la Côte d’Ivoire d’acteurs bancaires à capitaux ivoiriens compétitifs, d'une taille critique et outillés pour participer à l’atteinte des ambitions nationales de développement : la BICICI, acteur majeur et historique du paysage bancaire ivoirien, présente en la matière le profil idéal. Il s’agissait aussi de renforcer la capacité financière de la BNI pour accompagner le développement et la croissance des entreprises locales et internationales ainsi que de contribuer à l’édification d’une entité solide et fiable avec laquelle partager de réelles synergies commerciales, opérationnelles, informatiques, etc., en vue de mieux servir les acteurs économiques opérant en Côte d’Ivoire.

 

Comment la BNI accompagne-t-elle le gouvernement dans la mise en œuvre de son Plan national de développement (PND) 2021-2025 ?

 

La BNI est un instrument de la politique gouvernementale et un levier de croissance pour la Côte d’Ivoire. Elle a la noble mission d’accompagner non seulement l’État de Côte d’Ivoire dans tous ses projets de développement, mais aussi tous les acteurs privés de l’écosystème socio-économique dans la satisfaction de leurs besoins pour la construction d’une nation à fort impact sur l’échiquier régional et international. C’est ce qui l’a conduite à développer régulièrement des produits et services variés, adaptés à un écosystème socio-économique en transformation constante, et à devenir l’une des premières entreprises publiques de Côte d’Ivoire, en témoignent les prix glanés ces deux dernières années.

 

Comment ont évolué vos chiffres clés en 2022 par rapport à 2021 ? Pour 2023, quelles sont les priorités inscrites sur votre feuille de route ?

 

La banque a observé une hausse des dépôts induisant une augmentation des ressources. L’encours des dépôts à fin 2022 est de 1 347 milliards de FCFA, contre 1 038 milliards en 2021, soit une augmentation d’environ 30 % favorisée par le développement des relations avec les clients venus de secteurs générateurs de liquidité, la signature de conventions spécifiques avec des institutions aux ressources importantes et la recherche systématique, auprès des clients, d’une part de mouvements d’affaires en adéquation avec les financements octroyés. Les créances clientèle nettes de provisions sont passées de 594 milliards de FCFA en 2021 à 761 milliards en 2022, soit une progression de 167 milliards (+ 28%). Le produit net bancaire de l’exercice 2022 s’établit à 71 milliards de FCFA, contre 58 milliards en 2021, soit une hausse de 13 milliards (+ 23%). Les frais généraux de 2021 et 2022 se chiffrent respectivement à 30 et 33 milliards de FCFA, soit une augmentation de 3 milliards (+ 9%) qui s’explique essentiellement par l’augmentation du niveau d’activité de la banque. Toutefois, cette hausse reste contenue comparativement à celle du PNB, se traduisant par une baisse de 7 points du coefficient d’exploitation, qui passe de 61 % en 2021 à 54 % en 2022. Quant au résultat d’exploitation, il est passé de 19,9 milliards de FCFA en 2021 à 23,3 milliards au terme de l’exercice 2022, soit une progression de 17 % qui reflète l’évolution continue de l’activité opérationnelle de la banque. Le résultat net de l’exercice 2022 s’établit à 23,4 milliards de FCFA, contre 35,6 milliards en 2021, exercice qui comprenait une plus-value de 16 milliards de FCFA sur des cessions d’immobilisations corporelles et d’immobilisations financières.

En termes de perspectives, le déploiement du nouveau plan stratégique approuvé par le conseil d’administration de la banque au cours de l’exercice 2022 et dénommé « Performance 2026 » nous permettra de consolider nos acquis tout en redéfinissant notre identité par le biais de nos nouvelles missions, vision et valeurs. Pour ce faire, nous projetons de mettre sur le marché des offres innovantes et de renforcer la digitalisation de nos services ainsi que notre positionnement sur la banque digitale (BNIONLINE et B.FREE). L’inauguration prochaine de notre nouveau siège, édifice de neuf étages situé dans la rue des banques de la commune du Plateau, contribuera à améliorer notre visibilité à l’horizon 2026. La conjugaison de toutes ces actions doit nous conduire à nous hisser dans le top 3 des banques de Côte d’Ivoire à l’horizon 2026.

 

Propos recueillis par Andju Ani