Entretien - Directeur général de l'Office du service civique national - L’objectif : participer à l’édification d’une jeunesse consciente de ses devoirs

Mamadou Touré, directeur général de l'Office du service civique national (OSCN), précise les missions et objectifs de cette institution publique en pleine expansion dévolue à l’insertion sociale des jeunes en situation de vulnérabilité et œuvrant à faire d’eux des citoyens accomplis et épanouis.

Comment définiriez-vous le rôle et les missions assignées à l'Office du service civique national (OSCN) ? Comment sont composées les équipes d’encadrement ? Continuez-vous à ouvrir des antennes sur l’ensemble du territoire ?

 

Mamadou Touré : L’OSCN est un établissement public national (EPN) à caractère administratif en charge de l’encadrement civique et citoyen des jeunes. De manière plus spécifique, l’OSCN est chargé de la resocialisation des jeunes en situation de vulnérabilité, du renforcement de leurs connaissances civiques et citoyennes, ainsi que de leur engagement citoyen au service de la communauté à travers le volontariat et le bénévolat.

Pour la formation des jeunes, l’OSCN dispose de centres de service civique sur l’ensemble du territoire national. Á ce jour, cinq centres de service civique sont fonctionnels. Chaque centre est composé de personnel militaire, de personnel administratif et de travailleurs sociaux : assistants sociaux, éducateurs spécialisés, éducateurs permanents, etc.

S’agissant de la couverture territoriale par l'OSCN, il faut savoir que dans un avenir proche, soit à l’horizon 2025, ce ne sont pas moins de 14 nouveaux centres qui vont être édifiés dans tout le pays. Pour l’heure, une antenne a ouvert ses portes à Bouaké le 3 avril dernier.

Cette infrastructure construite par le gouvernement est prête à accueillir chaque année 1 000 jeunes déscolarisés ou non scolarisés.

 

Le personnel dédié à l’encadrement dans ce nouveau centre de Bouaké est-il prêt ? Comment allez-vous procéder pour recruter ses nouveaux pensionnaires ?

 

En mars dernier, le Premier ministre a procédé à l’ouverture officielle de ce nouveau centre de service civique de Bouaké doté d’une grande capacité d’accueil. Pour assurer son bon fonctionnement, des dispositions idoines tant au niveau du budget que des ressources humaines ont été prises en amont. Ainsi, 1 milliard de FCFA a été mobilisé pour le fonctionnement du centre. En outre, il est d’évidence que gérer une population de 1 000 jeunes, pour la plupart en rupture de liens sociaux et présentant des addictions diverses, est une véritable gageure. C’est pourquoi l’OSCN a mobilisé sur le centre du personnel qualifié afin de garantir un encadrement de proximité et de qualité à ces jeunes.

Pour ce qui est de la sélection de ces jeunes, elle se fait selon un processus très inclusif. Des lieux d’inscription sont ouverts dans les préfectures, les mairies, les conseils régionaux, les bureaux de district, les directions régionales et départementales de la jeunesse et du service civique ainsi que dans les représentations de l’Agence emploi jeunes. Les jeunes sont appelés à s’y rendre pour effectuer leur enrôlement sur les fiches établies à cet effet. Par la suite, un comité de sélection présidé par le préfet de Région procède, sur la base des fiches renseignées, à la sélection définitive des jeunes aptes à intégrer le centre de service civique.

 

 

Dans le cadre Programme jeunesse du gouvernement (PJ-GOUV) 2023-2025, le président Alassane Ouattara a décrété 2023 comme étant « l'année de la jeunesse ». Comment envisagez-vous les enjeux de ce programme ambitieux pour l'OSCN ?

 

Dans un pays comme le nôtre où plus de 70 % de la population a moins de 35 ans, la jeunesse représente un atout majeur et un acteur incontournable du développement social. C’est ainsi que depuis 2011, le président de la République a toujours placé cette frange de la population au cœur de ses projets. En décrétant 2023 comme « année de la jeunesse », le président traduit sa volonté d’amplifier toutes les initiatives déjà prises en faveur de ces jeunes. L’élaboration du Programme jeunesse du gouvernement (PJ-GOUV) 2023-2025 est une réponse coordonnée et cohérente des différents départements ministériels pour assurer une prise en charge holistique des problèmes de la jeunesse.

En ce qui concerne l’OSCN, nous ambitionnons de jouer notre partition en contribuant substantiellement à réduire la vulnérabilité des jeunes, mais aussi et surtout en nous appliquant à leur formation civique et citoyenne. L’objectif, in fine, est de participer à l’édification d’une jeunesse consciente de ses devoirs envers la communauté, et qui participe effectivement et activement aux actions de développement de son pays.

 

 

Quel rôle va jouer l'OSCN à travers tout le pays dans le cadre du PJ-GOUV ? Quels sont les objectifs à atteindre en 2023 pour votre institution ?

 

Pour l’OSCN, les actions dans le PJ-GOUV vont se traduire par un passage à l’échelle de tous les dispositifs, y compris le renforcement des infrastructures de prise en charge des jeunes. Ainsi, avec la construction des 14 nouveaux centres de service civique à travers le pays que j’ai déjà évoquée, un nombre plus important de jeunes aura accès à nos services. Á l’horizon 2025, ce sont 14 000 jeunes vulnérables qui seront traités par an grâce aux efforts du gouvernement, contre environ 700 auparavant.

En 2023, en attendant que la construction des centres soit achevée, l’OSCN entend doubler ses effectifs pour être en phase avec cette année dédiée aux jeunes. Ainsi, ce sont plus de 25 000 jeunes qui seront formés par les différents dispositifs de l’OSCN, à savoir 2 000 pour le SCAD, 6 240 pour le SNJ, 7 859 pour le volontariat et 9 718 pour le bénévolat.

 

Enseignez-vous aussi aux jeunes l'importance d'exercer leur droit de vote, et ce d'autant plus que des élections locales sont programmées en septembre prochain ?

 

La formation civique et citoyenne est la vocation première de l’OSCN. Il va sans dire que tous les dispositifs de l’OSCN intègrent au premier chef cette thématique. Bien qu’elle ne soit pas évoquée à titre principal, encore moins liée aux élections à venir, la question du vote des jeunes demeure tout de même un sujet d’intérêt dans les différentes formations. Il s’agit en effet d’expliquer aux jeunes les qualités du bon citoyen et de les amener à participer activement à la vie de leur communauté, donc à participer au choix de leurs dirigeants et, pourquoi pas, à postuler eux-mêmes.

 

Quel est le bilan de vos activités de 2022 par à 2021 et quelles sont vos priorités en 2023 ?

 

L’OSCN a fonctionné jusqu’ici avec 4 centres de service civique de petite capacité d’accueil. En dépit de cet état de fait, ce sont plus de 5 000 jeunes tous dispositifs confondus qui ont été traités en 2022. Pour « l’année de la jeunesse » 2023, comme je vous l’expliquais, la priorité est de faire le nécessaire en matière d’effectifs pour accueillir dans des conditions optimales l’afflux de jeunes généré par l’ouverture prochaine de 14 nouveaux centres.

 

Propos recueillis par Andju Ani