Si l’évolution du secteur numérique réjouit le ministre de la Communication et de l’Économie numérique Amadou Coulibaly, la perspective des élections locales et de la CAN 2023 passionnent tout autant le porte-parole du gouvernement et député RHDP de Korogho qu’il est aussi.
Quelle est la méthode du gouvernement pour faire de l’économie numérique un secteur dynamique qui crée de l’emploi et de la richesse ?
Amadou Coulibaly : Grâce aux réformes institutionnelles, à l'amélioration du cadre légal et à la multiplication des investissements publics et privés, 2 506 emplois ont été créés en 2021, selon l’ARTCI. Depuis 2011, le secteur de l'économie numérique contribue de façon significative à la croissance du pays, soit de 3 à 9 % du produit intérieur brut (PIB) en 2022. Entre 2011 et 2021, près de 3 000 emplois directs et plus de 100 000 emplois indirects ont été créés par des actions conjuguées du gouvernement et des partenaires privés. En l’espace de 10 ans, le nombre d’utilisateurs d’Internet est passé de 9 % à 34 % de la population. En 2021, les services de télécommunications ont généré un chiffre d’affaires de 2 milliards de dollars, soit 3 % du PIB. Notre ambition est de porter la contribution de ce secteur à plus de 9 %, voire 18 % du PIB. Cela est possible.
La création du Comité national de Digitalisation (CNDigit) en septembre 2022 s’inscrit dans cette vision stratégique de donner un coup d’accélérateur à la mise en œuvre de la Stratégie nationale du numérique adoptée par le gouvernement le 22 décembre 2021. Le CNDigit est dédié à la coordination des initiatives de digitalisation en Côte d’Ivoire, avec pour objectif de faire de la transformation digitale un levier de croissance économique à partir de la vision : « Zéro papier à l’horizon 2030 ».
Les tests de 5G dans les stades dans les villes accueillant la CAN ont-ils étés positifs, et le coût des abonnements à la 5G sera-t-il accessible aux Ivoiriens modestes ?
Dans son message devant le Parlement réuni en Congrès le 25 avril 2023, le président de la République s’est voulu rassurant sur cette question, notamment en matière d’avancement des travaux d’infrastructures, qui seront tous achevés et livrés à bonne date conformément aux cahiers des charges de la CAF et de la FIFA, qu’il s’agisse des stades ou des services techniques et technologiques à déployer. Certes, une attention particulière sera accordée aux villes où se joueront les compétitions, mais c’est toute la Côte d’Ivoire qui sera impactée.
Les tests de déploiement de la 5G ont été globalement concluants. Avant la fin de l’année, les six villes retenues pour « la CAN de l’hospitalité » seront couvertes par la 5G, qui a demandé un investissement de près de 13,6 milliards de FCFA. À terme, ce bond technologique portera à 97,5 % la couverture en réseau mobile de qualité. Cette perspective est la preuve que le programme national d’inclusion sociale numérique apporte une réponse adéquate à toutes les préoccupations en facilitant la mise de services digitaux de qualité à la disposition des citoyens, des entreprises et de l’administration. Notre pays mise sur le potentiel de la 5G pour améliorer la connectivité et le développement de l'Internet des objets (IoT) ainsi que pour favoriser la transformation numérique en instruisant de nouvelles technologies : intelligence artificielle, réalité virtuelle, réalité augmentée...
« Notre ambition est de porter la contribution du secteur des télécommunications à plus de 9 %, voire 18 % du PIB. »
Pour les élections régionales et municipales de septembre, les ministres devront aller soutenir les candidats du RHDP. À Korogho où vous êtes député, serez-vous disponible pour cela ? Une alliance du PDCI et PPA-CI peut-elle compliquer les projections de victoire ?
Nous sommes constamment sur le terrain, au contact de nos populations, à Korhogo et ailleurs si nécessaire. Cette proximité est fondamentale pour nous. L’une des priorités du chef de l’État est que les membres du gouvernement expliquent l’action gouvernementale et s’assurent de son impact positif sur les conditions de vie de nos concitoyens. Engagés dans les actions de développement de nos localités, nous partageons le quotidien de nos parents, des jeunes et des femmes. Donc, nous serons sur le terrain pour soutenir les candidats du RHDP.
Ils se lancent à la conquête des régions et des municipalités avec des réalisations socio-économiques qui, depuis 2011, ont visiblement contribué à l’amélioration des conditions de vie. Ces acquis tangibles parlent plus fort que tout autre discours ou toute alliance PDCI-PPA-CI qui ne se traduirait que par des promesses. En outre, les choix et les qualités des candidats du RHDP dans toutes les régions et communes du pays sont d’une telle pertinence qu’aucune alliance ne nous émeut. Le jeu des alliances n’est pas nouveau. Déjà en 2018, les deux partis que vous citez étaient dans une forme d’alliance, et le RHDP a largement remporté les élections. En 2021, ce fut le cas aux élections législatives, même si nous devons reconnaître que le paysage politique s’est recomposé entre-temps, d’ailleurs dans tous les camps. Notre parti a renforcé son ancrage national en offrant au pays la stabilité, la sécurité et un développement harmonieux sous le leadership éclairé d’un homme de vision, l’infatigable baptiseur qu’est S.E.M. Alassane Ouattara, le président de tous les Ivoiriens. Nous allons gagner les prochaines élections locales avec une majorité confortable.
Á l’approche de la CAN en Côte d’Ivoire, comment le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement que vous êtes compte-t-il mettre à profit cette fenêtre de visibilité internationale ?
Notre pays, terre d’accueil, a placé à dessein cette CAN 2023 sous le signe de l’hospitalité. La Côte d’Ivoire est prête à accueillir toutes les nations africaines dans de magnifiques stades. L’occasion sera donnée aux acteurs du football africain de découvrir la « Sublime Côte d’Ivoire », ses richesses culturelles et gastronomiques, et de vivre la joie et la chaleur des populations du nord au sud et de l’est à l’ouest en passant par le centre.
La Côte d'Ivoire a déjà organisé la CAN en 1984 et remporté deux fois, en 1992 et 2015. Comme pays hôte, nous espérons remporter le titre à domicile mais aussi profiter de cet événement pour renforcer l’image et l’économie du pays. Voilà donc une excellente occasion de montrer au monde entier nos atouts : parcs naturels, plages de rêve, gastronomie riche et variée. Cette édition de la CAN sera la plus belle que la CAF ait jamais organisée grâce à la qualité et à la majesté des stades ainsi qu’à l’enthousiasme des populations à accueillir cet événement sportif en janvier et février 2024.
Eu égard au passé récent, réussir à réaliser si vite tant d’infrastructures de qualité est déjà un exploit qui renforce la réputation de stabilité et d’attractivité retrouvées du pays, redevenu un hub d’affaires. Au plan économique, cette CAN va stimuler le secteur du tourisme et générer des revenus pour l'ensemble des acteurs ivoiriens. Touristes, supporters et journalistes du monde entier sont invités à découvrir la « Côte d’Ivoire Solidaire » et, en cette « Année de la Jeunesse », les jeunes du pays encouragés à saisir les opportunités d’emploi liées à l’organisation de la CAN : hôtellerie restauration, transports, commerce… En tout cas, la Côte d’Ivoire est prête pour la fête du ballon rond.
Propos recueillis par Andju Ani