Entretien – Ministre des Sports « Jamais on n’avait autant investi dans le sport en Côte d’Ivoire »

Paulin Claude Danho, ministre des Sports, maire d’Attécoubé et président de l’Union des villes et communes de Côte d’Ivoire (UVICOCI), veille au déploiement d’infrastructures sportives, non sportives et connexes à la fois pour la CAN 2023 et en vue d’accroître l’offre du pays en ouvrages dédiés au sport. 

La 3e édition de la rentrée fédérale organisée par le ministère des Sports a pour thème : « Sports, niche d’opportunités et facteur d’épanouissement pour une jeunesse responsable au service de la Côte d’Ivoire solidaire ». Une réponse à la volonté du président de la République, qui a décrété 2023 année de la jeunesse ?

 

Paulin Claude Danho : La Côte d’Ivoire, dont la population est majoritairement – à environ 75 % – constituée de jeunes, doit se préparer à faire face à de nombreux défis en matière d'éducation, de santé et d'employabilité. Le président de la République, S.E.M. Alassane Ouattara, dans sa vision stratégique de cerner toutes les problématiques liées à la question de la jeunesse, a engagé le gouvernement dans sa politique sociale (PS Gouv). Ainsi, le chef de l’État a instruit notre département ministériel de faire en sorte que le sport soit non seulement une rampe d’insertion socioprofessionnelle, une niche d’opportunités et une source d’épanouissement pour les jeunes, mais aussi que la pratique d’activités physiques et sportives contribue au bien-être des populations, à la consolidation de la cohésion sociale, à la formation citoyenne des jeunes et au rayonnement international de notre pays. La jeunesse a toujours été une priorité pour le gouvernement. Le chef de l’État, en leur dédiant une année, ne fait qu’accélérer les différents programmes et accroître les actions menées en leur faveur  en matière de formation, de resocialisation, d’accompagnement et d’insertion socioprofessionnelle. En ce qui nous concerne, plusieurs opportunités sont mises à la disposition des jeunes, à l’image de la formation et de l’insertion de 5 000 jeunes dans les métiers du sport en cette année 2023. Cette initiative, une première dans notre pays, apportera des solutions structurantes à l’épineuse question de l’emploi des jeunes, en relation à la nouvelle politique d’infrastructures sportives conduite par mon département.

 

Quarante ans après la 1re Coupe d’Afrique des Nations de football organisée sur son sol en 1984, la Côte d’Ivoire abritera du 13 janvier au 11 février 2024 la CAN 2023, soit la plus grande compétition sportive du continent. Quelles sont les dispositions prises pour faire de cet événement une lucarne de promotion ?

 

Pour la Côte d’Ivoire, l’organisation de cet événement constitue en soi une ouverture sur le reste du monde. Durant un mois, notre pays sera sous le feu des projecteurs. En marge de l’organisation opérationnelle de la CAN, confiée au COCAN, un comité interministériel dont le pilotage technique est confié au ministère des Sports assurera la promotion de la destination Côte d’Ivoire. Cette action multisectorielle du gouvernement intègre de façon stratégique la gestion de l’héritage de cette CAN en considérant l’ensemble des infrastructures sportives, non sportives et connexes réalisées à la faveur de cette compétition continentale.

Depuis son accession à la magistrature suprême, le président de la République avait pour vision d’accroître l’attractivité de notre pays par la mise en œuvre de plusieurs projets structurants dans les domaines des infrastructures modernes de transport, d’hébergement, de sécurité, de voirie, etc. Á côté de ces importants investissements, l’environnement des affaires a été considérablement amélioré sous son leadership, ce qui contribue à renforcer qualitativement l’image de notre pays. L’embellie économique a notamment permis à la Côte d’Ivoire de reprendre son rang de locomotive de la sous-région après une décennie d’incertitudes.

La Côte d’Ivoire a également engagé un processus d’adaptation de ses lois afin d’endiguer certains fléaux comme la corruption, qui dégradent l’image du pays. Cela nous vaut, selon les derniers chiffres, des points positifs dans la lutte contre ce fléau. Nous nous emploierons donc à montrer notre pays sous toutes ses facettes : économique, culturelle, touristique, humaine, sociale, professionnelle et sportive. 

 

« L’État de Côte d’Ivoire a injecté environ 305 milliards de FCFA pour la CAN 2023. »

 

Concernant les infrastructures sportives, hôtelières, sanitaires, sécuritaires et routières, y a-t-il des raisons de s’inquiéter quant aux délais de livraison et la qualité des travaux ?

 

Non, pas du tout. La Côte d’Ivoire sera prête à temps et dans les délais, avec des infrastructures aux normes internationales, pour offrir à l’Afrique et au monde une grande et belle messe sportive. Cela fait 39 ans que notre pays espérait organiser cet événement, et 8 ans que les Ivoiriens attendent le 3e sacre continental des Éléphants. Le chef de l’État, qui s’est donné pour mission de rendre son peuple heureux et fier, n’a pas lésiné sur les moyens pour l’organisation de la 34e édition de la Coupe d’Afrique des Nations de football. Jamais on n’avait autant investi dans le sport en Côte d’Ivoire. Sur instructions du président de la République, le gouvernement a entrepris d’importants travaux de construction d’infrastructures sportives et connexes : les 3 stades de 20 000 places construits à Yamoussoukro, Korhogo et San Pedro font monter l’offre de notre pays à six stades avec ceux d’Abidjan et de Bouaké en plus de celui d’Ebimpé, don de la République populaire de Chine. Dans la perspective de la préparation du plus grand événement sportif du continent, l’État de Côte d’Ivoire a injecté environ 500 millions de dollars (305 milliards de FCFA) non seulement dans la construction d’infrastructures mais également dans la réalisation d’importants travaux de voirie, dans la création d’hébergement CAN et de réceptifs hôteliers de haut standing, dans l’accroissement des capacités d’accueil des hôpitaux et le renforcement de leurs plateaux techniques ainsi que dans le renouvellement du parc automobile.

La Côte d’Ivoire, qui veut offrir la meilleure CAN jamais organisée, est donc en chantier. Sous la supervision du Premier ministre Patrick Achi, qui suit les travaux avec la plus grande rigueur, notre pays sera bel et bien au rendez-vous de la jeunesse africaine avec « la CAN de l’hospitalité ». En ce qui concerne la qualité des infrastructures que vous avez évoquée, souvenez-vous des propos de Monsieur Véron Mosengo-Omba, secrétaire général de la CAF, lors de la dernière visite de l’instance fédérale africaine de football : « Les cinq derniers jours nous ont donné, à moi et à mes collègues de la CAF, l’occasion de visiter les sites et de donner notre avis sur un certain nombre de domaines. Nous prenons note du bon travail effectué par le gouvernement ivoirien, le comité d’organisation local et la FIF (…) D’après tout ce que j’ai vu, les travaux avancent très bien. Nous félicitons les autorités et leurs partenaires pour ces villages de la CAN qui respectent le développement durable. » Lors d’une conférence de presse qu’il a animée à Abidjan le vendredi 17 février 2023, le collaborateur du président Motsepe a également ajouté ceci : « Les infrastructures que je viens de visiter s'annoncent dignes de la Coupe du Monde de la FIFA. Elles seront de classe Coupe du Monde. »

 

Depuis quelques années, l’Afrique de l’Ouest est confrontée au terrorisme, à l’image des pays voisins que sont le Mali et le Burkina Faso. Une attention particulière sera-t-elle accordée au volet sécuritaire afin de garantir une belle fête lors de cette « CAN de l’hospitalité » ?

 

Les questions sécuritaires sont très sensibles et impliquent une action concertée et collégiale entre les États. Aujourd’hui, la question du terrorisme est régionale, voire mondiale. La lutte contre ce fléau constitue une action prioritaire pour tous les États et, bien entendu, pour la Côte d’Ivoire aussi. Cependant, je puis vous rassurer, vous et l’ensemble des acteurs du monde du football : toutes les dispositions sont prises pour garantir la sécurité des personnes et des biens, comme cela a toujours été le cas en Côte d’Ivoire, qui est un modèle de stabilité et de paix.

 

« Notre pays sera bel et bien au rendez-vous de la jeunesse africaine avec la “CAN de l’hospitalité”. »

 

Les Éléphants de Côte d’Ivoire espèrent une troisième étoile après leurs sacres de 1992 et de 2015. Croyez-vous que, contrairement à leurs ainés en 1984, les poulains de Gasset conserveront le trophée sur les bords de la lagune Ebrié ?

 

Notre souhait en tant qu’Ivoirien, c’est que nos Éléphants aillent le plus loin possible dans cette compétition, et surtout qu’ils la remportent. Nous allons à une compétition et, de ce fait, il peut arriver que nous ne soyons pas sur la plus haute marche, mais cela ne doit pas gâcher la fête. Terre d’espérance, d’accueil et de discipline, la Côte d’Ivoire démontrera au monde entier sa capacité de tout transcender pour mettre en avant son hospitalité légendaire afin de marquer à l’encre indélébile l’histoire de l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations de football avec la CAN Côte d’Ivoire 2023. Je voudrais d’ailleurs appeler tous les Ivoiriens à l’union sacrée autour de notre CAN. C’est ensemble que nous relèverons tous les défis et les difficultés qui se présenteront à nous. Unis, en harmonie et en symbiose, rien ne nous sera impossible. 

 

Homme d’affaires bien connu des médias, vous assumez aussi les fonctions de maire de la commune d’Attécoubé et de président de l’Union des villes et communes de Côte d’Ivoire (UVICOCI). Quelle est la situation actuelle de votre commune en termes d’infrastructures sportives ?

 

La Côte d’Ivoire moderne, sous l’impulsion du Père fondateur Félix Houphouët-Boigny, s’est dotée d’infrastructures sportives dans certaines régions à la faveur de la célébration des fêtes tournantes de l’indépendance. Aujourd’hui, le gouvernement a initié plusieurs programmes afin de corriger les disparités et surtout d’accroître l’offre en ouvrages dédiés au sport. Ainsi, avec le programme de réhabilitation des infrastructures sportives dénommé « Précis Spécial », plusieurs complexes sportifs de type 1, 2 et 3 sont en construction dans les communes, départements et régions du pays. Dans le cadre du projet « Agora », ce sont 90 complexes multifonctionnels qui seront construits à terme à proximité des populations. Les Agoras des communes de Koumassi et Abobo sont déjà fonctionnelles, et nous réceptionnerons celle de Port-Bouët dans les semaines à venir. Nous avons également le programme « Aisance nautique » qui consiste en la rénovation et la réhabilitation de piscines existantes ainsi qu’en la construction de quatre nouvelles piscines olympiques à Abidjan. La commune que je dirige, et qui concentre une forte population jeune et cosmopolite, bénéficiera d’une Agora et d’une piscine olympique dont le lancement des travaux viennent de débuter en juin. Aujourd’hui, le succès avéré des premières infrastructures de proximité fonctionnelles m’amène, en ma qualité de président de la faîtière des collectivités municipales de Côte d’Ivoire, à faire un plaidoyer auprès du gouvernement afin que toutes les communes du pays en soient dotées tant la demande est forte.

 

Propos recueillis par François Bécanthy